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Présidentielle 2017 : un match à quatre, selon Olivier Mazerolle

LETTRE DE CAMPAGNE - À deux semaines du 1er tour, la présidentielle se présente comme un match à quatre. Du jamais vu depuis 1981.

Emmanuel Macron, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, les 4 favoris de la présidentielle
Emmanuel Macron, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, les 4 favoris de la présidentielle
Crédit : AFP / RTLnet

À deux semaines du premier tour, la présidentielle se présente comme un match à quatre. À l’époque Giscard et Mitterrand, qui allaient  se retrouver au deuxième tour, se situaient au-delà des vingt points. Chirac et Marchais étaient pointés à 18%. À l’aune de cet exemple, on pourrait en conclure qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen seront les finalistes désignés au soir du 23 avril. C’est en effet possible. 

Mais la situation est différente de celle d’il y a 36 ans. Giscard et Mitterrand étaient les leaders de leurs camps respectifs, répertoriés comme tels. Leur avance était tout sauf surprenante. Ce n’est pas le cas des deux leaders de 2017, qui sont passés du statut d’outsiders à celui de favoris. Ils sont encore fragiles. Ils enregistrent un coup de mou tandis que Jean-Luc Mélenchon arrive comme une fusée et que François Fillon conserve un socle solide lui permettant d’entretenir encore un espoir.

Une fureur silencieuse sur le Vieux-Port de Marseille

Des deux poursuivants, c'est évidemment Jean-Luc Mélenchon qui est le plus performant du moment. Il faudra voir cependant  l’impact de son discours de Marseille. Souriant, parfois affable, ingénieux dans le mode déroulement de sa campagne, le candidat de la France insoumise est subitement redevenu le bretteur qui ne fait pas de cadeau. Plus de pudeur de gazelle mais de l’artillerie lourde. À Marseille, la fureur ne faisait pas trop de bruit, elle était contenue, mais visible jusque dans le comportement du tribun, les mâchoires serrées, le regard sévère. 

Jean-Luc Mélenchon était le porte-parole d’un pacifisme trotskiste, qui se fixe pour objectif la destruction de l’ordre établi, au plan national comme international. Il faut en finir avec la caste de parasites dorés, il faut faire le ménage, Trump est déjà un criminel quand Assad a encore droit au bénéfice du doute. Le révolutionnaire Mélenchon peut gagner des voix chez les ouvriers jusqu’ici abstentionnistes ou ralliés à Marine Le Pen, faut de mieux. Mais il peut aussi en perdre chez ceux qui avaient été séduits par le discours sur « l’intérêt général humain » sans avoir prêté attention  au mode d’action censé le servir.

Pas de grandes envolées pour François Fillon

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À la Porte de Versailles, le meeting de François Fillon, au style des plus classiques a surpris dans cette campagne déjantée. Avant lui, les ténors du parti se sont succédé à la tribune pour accabler Emmanuel Macron. L’assistance était nombreuse et avait le mérite d’avoir renoncé au soleil d’un bel après-midi de printemps pour saluer son champion. Mais une claque intempestive se manifestait trop souvent comme si les chauffeurs de salle avaient redouté en permanence un manque d’enthousiasme. 

Quant à François Fillon, au style appliqué, il n’avait ni l’allure du désespéré qui jette ses derniers feux, pas plus que celle du conquérant qui file sans crainte vers la victoire. Ni truculences, ni grandes envolées. Il a sacrifié au réalisme. Son projet ne comporte pas d’utopies non financées. Il se veut gaulliste, le social n’est donc pas absent. Son mantra, c’est la grandeur de la France, celle des siècles passés avec laquelle il serait possible de renouer. La déclinaison du programme était une obligation. Mais au fond François Fillon sait que, pour lui, l’enjeu pour lui ne se situe pas à ce niveau. Il est confronté à un problème de confiance. 

Il ne s’y est pas attardé, mais il a tenté de le régler avec une anaphore sur le président exemplaire et avec une phrase qui en appelle à la raison : "Je ne vous demande pas de m’aimer, a-t-il dit,  mais de me soutenir, parce qu’il y va de l’intérêt de la France". François Fillon a perdu la bataille du cœur. Pour gagner, il mise désormais sur le discernement des électeurs de droite. Dans le match à 4 François Fillon est le plus fragile, Jean-Luc Mélenchon le plus conquérant, Marine Le Pen et Emmanuel Macron les plus stables. Jusqu’à preuve du contraire. 

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