À défaut d'être le plan B, sera-t-il le nouveau bras droit ? François Baroin, un temps cité pour prendre la relève en cas de désistement de François Fillon, pourrait être appelé à avoir un plus grand rôle au sein de la campagne présidentielle. Lors du comité politique, le candidat de la droite a promis des "initiatives dans les prochains jours", selon le député Luc Chatel, à ceux qui demandaient à être rassurés sur sa capacité à rassembler et à s'imposer. Parmi les décisions qui pourraient être prises, figure la possibilité de former une sorte de "ticket" avec François Baroin, à qui l'on pourrait promettre de devenir potentiellement premier ministre. La proposition lui aurait d'ailleurs bien été faite.
Cette idée d'un ticket apparaîtrait comme nouvelle dans ce paysage politique animé par une campagne sans précédent. Il est rare que les candidats à la présidentielle désignent par avance leur équipe ministérielle et surtout leur premier ministre en cas de succès au second tour, même si certains noms sont déjà pressentis. Cette pratique, institutionnelle aux États-Unis compte tenu de l'élection du vice-président lors des élections (et même de l'organisation d'un débat entre les deux colistiers dans le sprint final de la campagne), avait d'ailleurs été mise en avant par Nicolas Sarkozy durant la primaire de la droite. Il avait d'ailleurs annoncé qu'il comptait envoyer... François Baroin à Matignon.
En se dirigeant vers cette option, François Fillon en retirerait plusieurs avantages. D'abord d'avoir une meilleure capacité de rassemblement. Le fait de choisir un binôme permet en principe d'aller chercher, par le biais du positionnement politique de la personne choisie, un électorat différent de celui qui est déjà mobilisé. Ici, François Baroin peut permettre d'aller chercher des électeurs de droite en plein doute à cause de l'affaire judiciaire du "Penelope Gate". De surcroît, son étiquette de sarokzyste peut rassurer les élus proches de l'influent ancien président, toujours à la manœuvre en coulisses. "C'est une bonne réponse en termes d'unité. Il aura pour charge de rassembler tous ses camarades de la même génération", confirme Gérard Longuet dans les colonnes du Parisien. L'atout est crucial dans une période où François Fillon doit aussi essayer de chercher le centre qui lui tourne le dos. "Nous avons besoin de tout le monde pour gagner", clame d'ailleurs Luc Chatel au micro de RTL.
Le ticket est aussi en mesure d'apporter plus de poids à une candidature en devenant une sorte de complément de personnalité. Aux États-Unis, l'excentrique Donald Trump a pu compter sur le classicisme de Mike Pence. Pour François Fillon, ses récentes sorties ultra-offensives contre la justice et les médias pourraient être désormais contrebalancées par la nature plus réservée de François Baroin.
En promettant d'ores et déjà Matignon, François Fillon ajoute aussi une nouvelle garantie d'expérience même si la sienne n'est pas remise en question. Le CV de François Baroin, qui fait partie de cette génération de politiques à qui l'on prête d'importantes ambitions pour le futur, serait un argument supplémentaire. En plus de ses fonctions de sénateur-maire de Troyes - et de son expérience de ministre de l'Outre-mer, de l'Intérieur, du Budget et de l'Économie -, l'élu porte actuellement l'écharpe de président de la puissante Association des Maires de France.