Macron - Le Pen : que proposent-ils sur l'Union européenne ?
LE DUEL (9/14) - L'un est europhile, l'autre europhobe. Les deux finalistes à la présidentielle s'opposent ouvertement quant à l'avenir de la France dans l'Union européenne.

La présidentielle a été l'occasion pour bon nombre d'eurosceptiques de faire entendre leur voix. Jean-Luc Mélenchon envisageait, par exemple, de renégocier les traités, n'hésitant pas à agiter le chiffon rouge de la sortie de la France de l'Union européenne en cas d'échec, François Asselineau plaidait pour le Frexit quand Nicolas Dupont-Aignan songeait à "remplacer l'Union européenne par une Communauté des États européens". Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux finalistes de ce scrutin, proposent deux visions claires sur la place de la France en Europe.
L'un des deux candidats veut-il un président de l'Europe ? Il s'agit d'une vieille idée, avancée par les plus europhiles comme Daniel Cohn-Bendit qui soutient Emmanuel Macron. Mais aujourd'hui, aucun des deux candidats n'en veut. Un président pour l'Europe signifierait un passage au fédéralisme : les compétences nationales seraient ainsi confiées majoritairement à l'Europe. Le mot est tabou. Marine Le Pen n'en veut pas, quand Emmanuel Macron lui préfère le terme d'intégration, une sorte de fédéralisme light. Il veut poursuivre à pas comptés des transferts de souveraineté à l'Europe, avec par exemple une Europe de la défense renforcée.
Des divisions profondes sur l'avenir de l'euro
La monnaie unique, l'euro, cristallise les tensions. Marine Le Pen veut revenir à une "monnaie nationale". Sur le mode d'emploi, sa version a, toutefois, un peu changé : il n'est plus question de sortir tout de suite. La candidate Front national veut engager une négociation de six mois, voire plus, avec Bruxelles. À l'inverse, Emmanuel Macron souhaite garder coûte que coûte l'euro, et veut même aller plus loin avec un budget de la zone euro et un ministre des Finances européen.
Le seul point d'accord des deux candidats réside dans l'élargissement de l'Europe. Selon eux, l'Europe est suffisamment grande avec 27 pays. Ils sont aussi d'accord pour dire non à l'adhésion de la Turquie. En fait, Emmanuel Macron plaide pour une Europe à géométrie variable, c’est-à-dire une Europe qui avance avec ceux qui le souhaitent, sans être bloqués par d'autres pays membres. Marine Le Pen opte, quant à elle, pour le retour des frontières nationales.
Marine Le Pen cible les accords de Schengen
Là encore les divergences sont notables entre les deux candidats. Marine Le Pen remet en cause les accords de Schengen qui permettent notamment la libre-circulation entre les États. Selon la présidente du Front national, "l'abolition progressive des frontières" est une "erreur majeure", jouant notamment un rôle déterminant dans les questions de trafic d'armes ou de lutte contre le terrorisme. Une mesure vue comme une priorité par la leader frontiste qui entend de ce fait recruter 6.000 douaniers sur le quinquennat. Cependant, les travailleurs frontaliers ne sont pas oubliés alors qu'un "dispositif particulier sera mis en place pour faciliter le passage de la frontière".
En tant qu'européen convaincu, Emmanuel Macron ne souhaite pas revenir sur les accords de Schengen. "La libre circulation des personnes entre pays de l’Union européenne est (…) une réalité, avec des gains indéniables en matière économique, mais aussi de culture et d’enseignement ou de vie quotidienne pour les transfrontaliers", peut-on lire sur son site de campagne.
Pas question pourtant d'éviter les questions de sécurité. L'ancien ministre de l'Économie, qui souhaite un "Schengen renforcé", propose de créer 5.000 postes de policiers afin de surveiller les frontières de l'Europe, de renforcer le corps des gardes-frontières européens, et d'augmenter la coopération entre les États.
Quid des travailleurs détachés ?
La question des travailleurs détachés, ces salariés européens qui travaillent en France mais qui paient leurs cotisations sociales dans leur pays d'origine (depuis 1996), est aussi au cœur de l'affrontement final. Pour Marine Le Pen, c'est de la concurrence déloyale.
Emmanuel Macron n'est pas sur la même ligne : il assure qu'il faut lutter contre les abus mais il estime aussi qu'il y a des salariés détachés français qui bénéficient de ce statut partout en Europe. Il faudrait donc le conserver. Sur son site internet, il précise : "Nous devrons limiter à un an la durée autorisée de séjour d'un travailleur détaché dans notre pays et redéfinir au niveau européen les règles du détachement pour mettre fin à toutes les formes de concurrence sociale déloyale".
Pour les étudiants, Macron veut développer Erasmus
Autre mesure prônée par Emmanuel Macron : la généralisation progressive du programme Erasmus avec l'objectif que 200.000 Français en bénéficient chaque année. "Le nombre de Français bénéficiant d’un échange universitaire ou professionnel chaque année dans l’UE sera triplé, ce qui renforcera les liens et la compréhension commune avec les autres pays européens", explique-t-il dans son programme. Ce programme, qui permet d'aller étudier plusieurs mois dans une université européenne, a été lancé en 1987. Mais le candidat déplore le "manque d'initiatives de grande ampleur" de la part de l'Union européenne.
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