"Pour que la France reste la France" : Macron utilise à son tour un slogan lancé par LR et repris par Zemmour

Une allusion très politique. Lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron s'est exprimé sur le "nouveau cap" qu'il souhaite impulser pour cette nouvelle année. Détaillant les mesures à venir pour les prochaines années, le président de la République a évoqué "un moment décisif pour dire au pays d’où nous venons et où nous allons". 

Le président de la République veut "rendre la France plus forte et plus juste". Emmanuel Macron s'est aussi laissé aller à des phrases ayant une teinte plus politique. "Pour que la France reste la France", a-t-il déclaré. 

Ces sept mots ont déjà été employés dans l'histoire politique moderne. En effet, en 2018, Les Républicains, alors présidé par Laurent Wauquiez, publie un tract dans le cadre d'une mobilisation baptisée "Le Printemps Républicains". Comme l'expliquaient nos confrères du Monde, ce message diffusé sur 1,5 million de tracts vise à évoquer les "réalités" de la France, menacée, d'après le parti, par la hausse des impôts, le nombre d’immigrés, la menace terroriste, la pression communautariste, la délinquance et les fractures territoriales.

Wauquiez, Ciotti, Zemmour...

Ce tract a été vivement critiqué au sein-même des Républicains. Certains ont critiqué la proximité avec les formulations et les idées du Rassemblement national. À l'époque vice-présidente LR, Virginie Calmels, déclarait sur France Inter, que son parti souhaitait se positionner "à mi-chemin entre La République en marche et le Front national". Ce nouveau tract est "inutilement anxiogène", ajoutait-elle. 

À l'époque, Aurore Bergé avait dénoncé la stratégie de son ancienne famille politique, dans un entretien à L'Obs. "Honnêtement, si vous ne mettez pas le logo des Républicains, vous pouvez mettre le logo du Front national (…). Je pense que c’est un slogan que les Français identifient plus au Front national qu’à la droite", a-t-elle déclaré à L’Obs.

Candidat au congrès Les Républicains, primaire visant à départager les candidats de la droite pour la présidentielle de 2022, Eric Ciotti avait repris ce slogan sur son affiche de campagne. Dès, 2016, dans un entretien au Figaro, le député LR affirmait que "la France doit rester la France". Eric Ciotti défendait alors la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2017. Lors du meeting au Zénith de Paris, l'ancien président avait d'ailleurs dit : "Je veux que la France reste la France, parce qu’il n’y a pas d’espoir pour un pays qui se coupe de ses racines".

Une formule utilisée au FN et au RN

Avant eux, c'est Jean-Marie Le Pen employa ces mots, en 2002. Comme le rappelle France inter, invité au JT de France 2, celui qui est alors candidat Front national à l'élection présidentielle avait déclaré : "Je suis pour une Europe des Nations, une Europe des patries, une coopération internationale, en particulier avec l'Afrique, qui est notre ancien espace d'influence. Mais je crois que cela ne peut se faire que si la France reste la France. Je suis convaincu que le monde entier espère que la France restera la France et ne disparaîtra pas dans cette espèce de magma euro-mondialiste dont on ne connaît d'ailleurs ni les frontières ni les composantes exactes".

Quinze ans plus tard, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national à la présidentielle, y fera référence lors du débat de l'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron. En 2022, lors d'un meeting à Bouchain dans le Nord, rebelote. "Levez-vous pour affirmer que la France reste la France !", avait-elle déclaré.

Ensuite, ce sera au tour d'Eric Zemmour de s'en inspirer pour en faire son slogan de campagne et la ligne directrice de son programme présidentiel.

Des mots déjà employés par Macron mais avec une subtilité

Ce n'est pas la première fois que le président de la République utilise ses mots. 

En 2016, avant son élection à la présidence de la République, Emmanuel Macron déclarait, lors d'un meeting à Montpellier : "Être français, ça n’est pas seulement une question de droit du sol, de droit du sang, de droit d’asile ou de papiers d’identité. Pour moi, toutes celles et ceux qui s’engagent pour la France, qui veulent la France au quotidien, tous ceux-là sont français".

Cette référence employée par Emmanuel Macron intervient au moment où le nouveau gouvernement assume sa teinte droitière. En effet, sur quatorze ministres nommés, huit sont issus de la droite. Parmi eux, on retrouve notamment Gérald Darmanin à l'Intérieur, Bruno Le Maire à l'Économie, Sébastien Lecornu aux Armées, Catherine Vautrin à la Santé et au Travail.

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