Pierre-Édouard Stérin : qui est ce milliardaire ultra-conservateur à l'origine du "Sommet des libertés" ?

La droite et l'extrême droite commencent à préparer l'élection présidentielle de 2027. Ce mardi 24 juin, au Casino de Paris, a lieu le "Sommet des libertés", vaste rassemblement de personnalités politiques qui réunira des représentants du Rassemblement national, de Reconquête ou des Républicains. Derrière l'organisation de cette soirée se trouve Pierre-Édouard Stérin, l'une des 100 plus grandes fortunes de France, et qui a un projet politique pour la France.

Le milliardaire fait fortune avec les Smartbox, dès 2003, puis s'exile en Belgique lorsqu'il devient multimillionnaire, neuf ans plus tard. Une décision qu'il justifie sur la chaîne YouTube Angelsquare. "On estimait que c'était criminel de continuer à engraisser l'État français pour lui permettre de continuer à faire ce qu'il fait aujourd'hui dans une certaine mesure, à savoir n'importe quoi", assure-t-il.

Ultra-libéral, Pierre-Édouard Stérin est aussi un fervent catholique, opposé à l'IVG. En 2021, il crée le Fonds du Bien Commun afin de reverser ses millions à des organismes proches de ses convictions. "Ces 80 millions, on va les utiliser pour essayer de donner, de prêter ou d'investir sur des sujets utiles au redressement de la France et à la promotion du Christ", poursuit-il lors de cette interview. Parmi les bénéficiaires de ses dons se trouvent un réseau d'internats catholiques ou une association pour rénover le calvaire. En réalité, le souhait de Pierre-Édouard Stérin est de devenir un saint, d'être sanctifié après sa mort grâce à ses engagements.

Percée dans les médias

C'est à cette époque-là, quand le milliardaire tente une offensive dans les médias, qu'il devient connu du grand public. En 2024, il tente de racheter l'hebdomadaire Marianne. Les journalistes se lancent alors dans un "bras de fer" qui consistait à "obtenir un maximum de garanties d'indépendance", explique Margot Brunet, alors journaliste et membre de la Société des journalistes (SDJ) du journal. "On voulait rencontrer Pierre-Édouard Stérin. Il nous a été répondu qu'il n'était pas capable de se présenter devant une dizaine ou une quinzaine de personnes", poursuit-elle.

À cette époque, ses liens avec le RN sont révélés par Challenges : il est copropriétaire de la demeure des Le Pen et s'entretient parfois avec Jordan Bardella, assure Le Monde. Les journalistes de Marianne se mettent alors en grève et font échouer le rachat.

Pierre-Édouard Stérin change alors de stratégie et décide d'investir dans les médias en ligne. "Il a beaucoup investi dans les médias comme Le Crayon, qui est un média vidéo, comme Néo, qui est un média localiste", explique Alexis Lévrier, chercheur en histoire des médias. "Et il a visiblement racheté Cerfia, qui est très influent sur X. Souvent, les jeunes générations n'ont accès à l'information journalistique que par ce biais", poursuit l'expert, qui parle alors de "croisade, au sens strict, qui est religieuse". Selon lui, Pierre-Édouard Stérin veut "reconquérir les esprits".

Une convocation à l'Assemblée snobée

Ces rachats de médias font partie d'un projet politique plus global : Périclès. Il s'agit d'une structure qui entend verser 20 millions d'euros par an dans les médias, dans la formation d'élus locaux ou encore dans l'acquisition d'un institut de sondage. 

Un projet à visée électorale qui lui a valu une convocation devant la commission d'enquête sur l'organisation des élections en France. Par deux fois, il a refusé de se rendre à l'Assemblée nationale. 

Ces derniers mois, il s'est attiré des soutiens à l'extrême droite, mais aussi un torrent de menaces, dénoncées par son avocat Louis Cailliez : "Je dépose tous les deux jours, depuis un mois, des plaintes pénales à l'encontre d'individus qui le menacent de mort, qui exhortent à le décapiter, à lui tirer dessus. Très clairement, il y a une escalade alarmante et il faut que la justice réagisse avant un passage à l'acte."

La rédaction de RTL a tenté de contacter Pierre-Édouard Stérin, qui a renvoyé vers ses collaborateurs qui, eux-mêmes, n'ont pas donné suite à nos sollicitations. 

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