Municipales à Paris : qui est Emmanuel Grégoire, le candidat victorieux de la primaire socialiste ?

Les socialistes ont choisi leur candidat pour les élections municipales à Paris. Sur 1.500 votants, Emmanuel Grégoire a remporté la primaire avec 52,61% des suffrages exprimés, a annoncé la fédération parisienne du PS ce mardi 1er juillet. Dans la foulée de l'annonce des résultats, les regards se sont tournés vers Anne Hidalgo. 

La maire socialiste de Paris a subi un revers : le sénateur Rémi Féraud, candidat qu'elle a adoubé, a lui rassemblé 44,33% des voix. Marion Waller, ancienne conseillère de l'édile, a quant à elle, obtenu 3%. 

"Je félicite Emmanuel Grégoire pour sa désignation. Merci à Rémi Féraud pour sa belle campagne", a réagi Anne Hidalgo dans un message laconique. La campagne pour la primaire socialiste a duré sept mois, période durant laquelle son premier adjoint et son dauphin se sont affrontés dans un climat de tensions.

Anne Hidalgo refuse de soutenir son ex-numéro 2

Dans Le Parisien, le candidat investi explique vouloir clore cette période de tensions. "Après une campagne beaucoup trop longue, voulue par le camp d’en face, enfin l’aventure commence, on va pouvoir parler aux Parisiens et pas juste aux militants. Ça va être magnifique", a-t-il déclaré.

Si la bataille a été lancée par le camp Hidalgo, selon Emmanuel Grégoire, ce dernier a tenu à apaiser la situation. "Sache que pendant les six ans où j'ai été ton premier adjoint, il n'y a pas un jour où je n'ai été plein de gratitude. Je suis fier d'avoir transformé Paris avec toi !", a-t-il lancé à son ancienne mentore, lors du débat de la primaire qui l'a opposé à Rémi Féraud. Mais l'hostilité est telle qu'Anne Hidalgo a décidé de ne pas le soutenir, malgré sa victoire à la primaire.

Selon Le Point, cette animosité serait due au fait qu'Anne Hidalgo soupçonne son numéro 2 d'avoir négocié avec les dirigeants du PSG la question de leur maintien ou non au Parc des Princes. Emmanuel Grégoire, lui, dément. À cela s'ajoute l'échec d'Anne Hidalgo à l'élection présidentielle en 2022. Elle l'accuse alors de "trahison" et d'avoir fait preuve d'un soutien trop timide. 

De l'Hôtel de Ville à Matignon

Les premiers pas en politique d'Emmanuel Grégoire datent de 2002. Lors de l'élection présidentielle, le militant soutient Lionel Jospin dans la section PS du XIIe arrondissement de Paris. La victoire de Bertrand Delanoë à la tête de Paris et la fin du règne de la droite le propulsera au poste de chef de cabinet du maire. En 2012, Emmanuel Grégoire s'essaye à la politique nationale, en intégrant le cabinet de Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre de François Hollande.

Deux ans plus tard, retour au bercail dans le XIIe arrondissement de Paris dont il prend la mairie lors des élections municipales en 2014. C'est alors que débute l'alliance avec Anne Hidalgo, en tant qu'adjoint chargé des ressources humaines, puis du budget. Quatre ans plus tard, il est nommé premier adjoint de l'édile et deviendra son bras droit. En 2019 dans Libération, Emmanuel Grégoire vantait sa loyauté à Anne Hidalgo. "Je serre parfois les dents mais je suis loyal", confiait-il.

Quant à ceux qui étaient déjà tentés à l'époque de souligner qu'Emmanuel Grégoire est un produit du monde politique, le principal concerné répondait : "L'apparatchik, il fait du militantisme d'appareil, pas du militantisme local. Moi, je ne suis allé à Solférino qu'au bout de dix ans. J'ai commencé par le nettoyage des chiottes. Quand t'es secrétaire de section, t'es d'abord celui qui nettoie la table quand l'apéro est fini et que tout le monde s'est barré".

Une bataille électorale qui déborde jusqu'à l'Assemblée

À Paris, il gère le plan local d'urbanisme et les intenses négociations qui en ont découlé avec les écologistes. "C'était l'homme des dossiers impossibles. Quand quelque chose n'avançait pas, il arrivait à rassembler tout le monde et trouver une solution", témoigne auprès de l'AFP Antoine Guillou, l'un des seuls adjoints à l'avoir soutenu. "Il a un grand sens politique sans être un apparatchik. On sent qu'il a travaillé dans le privé" - dans une entreprise de conseil médical -, complète la députée et conseillère de Paris Céline Hervieu. 

Mais les relations avec Anne Hidalgo pourrissent à tel point qu'Emmanuel Grégoire décide d'être candidat aux élections législatives anticipées de 2024, sous la bannière du nouveau Front Populaire. Il remporte la septième circonscription de Paris, face à l'ancien ministre des Transports Clément Beaune. 

Désormais, la bataille se joue tant dans les rues de Paris, que sur les bancs de l'hémicycle. Emmanuel Grégoire se pose en opposant à la réforme de l'audiovisuel public, portée par la ministre de la Culture et candidate aux municipales à Paris, Rachida Dati. Une première victoire pour le candidat socialiste puisque les députés ont rejeté le texte, à la surprise générale. La réforme sera examinée au Sénat le 10 juillet prochain. Dans Le Nouvel Obs, Jean-Louis Missika, dont Emmanuel Grégoire a été le directeur de cabinet lorsque ce dernier était adjoint chargé de l’Innovation, de la Recherche et des Universités, le décrit comme "l’anti-Dati sur le plan personnel. À voir comment il sera face à elle".

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