Macron président : Thomas Hollande, le frondeur du nouveau quinquennat ?
Le fils de l'ancien président de la République demande au nouveau chef de l'État d'agir pour les salariés de Tati bientôt licenciés qu'il défend.

Le fils avocat de François Hollande sera-t-il le frondeur du nouveau quinquennat ? C'est effectivement la question qu'on peut se poser en entendant Thomas Hollande, le défenseur des salariés de Tati, interpelle sur RTL le nouveau pouvoir, qui s'est installé après le départ de son père. "Ce qu'on demande au Président et au gouvernement, c'est de s'engager sur ce dossier et de demander au groupe Éram, qui est le propriétaire des enseignes Tati, d'assumer ses responsabilités, puisqu'il est le responsable de ce désastre industriel et social, et qu'il finance le plan de sauvegarde de l'emploi des salariés qui ne seront pas repris. Cela représente entre 400 et 600 personnes, soit le double des salariés de Whirlpool à Amiens, où s'est rendu monsieur Macron pendant la campagne de l'entre-deux-tours", dit-il.
Thomas Hollande va même plus loin dans son interpellation. Les salariés de Tati ne seraient pas dans cette situation si la loi Macron n'avait pas supprimé "l'obligation pour les groupes de financer les plans de sauvegarde de l’emploi de leurs filiales". Le fils de François Hollande demande donc au Président Macron de corriger une loi prise sous le quinquennat de son père. Avouez que ça ne manque pas de sel !
Plus libre dans la prise de parole ?
Thomas Hollande n'a pas l'intention de ménager le successeur de son père. "Je ferai mon métier d'avocat", se contente-t-il de dire. Me Thomas Hollande, 33 ans, est un avocat spécialisé dans le droit du travail. Il a déjà défendu en robe noire, devant les tribunaux, les salariés d'entreprises telles que Mory Ducros, Servier, Daiichi et ING direct. Jusqu'alors, il prenait soin de ne pas interpeller directement le pouvoir incarné par son père.
Sera-t-il plus libre dans ces prises de parole ? Car défendre des salariés, pour un jeune homme qui a fait deux campagnes pour ses deux parents, n'est-ce pas faire de la politique par d’autres moyens ? "Je ne me pose pas la question comme ça. Moi je suis dans ma profession d'avocat", répond-il.
"Pour moi, c'est servir mes convictions : la défense des plus faibles, tenter de rééquilibrer ce rapport de force de plus en plus déséquilibré entre les employeurs et les salariés (...) avec des protections de moins en moins importantes pour ces derniers, avec la loi Macron, ou même la vision médiatique des choses, faisant passer la France pour un pays qui surprotégerait les salariés", poursuit-il. Thomas Hollande n'a donc prévu de descendre dans la rue pour le troisième tour social annoncé. Mais on devrait l’entendre régulièrement défendre des salariés menacés de licenciement.
Son nom, une arme à double tranchant
Qu'est-ce qui pousse les salariés de Tati, par exemple, à faire appel à Thomas Hollande ? Il y a la notoriété. Son nom peut assurer à la cause des Tati une exposition médiatique supplémentaire. Mais cela peut être à double tranchant. "C'est le père de Thomas Hollande qui nous a mis dans le pétrin, comment peut-on faire appel à son fils pour nous défendre ?", demande Hakima Djelloulah, déléguée CGT chez Tati, qui a choisi un autre avocat.
"On ne va pas juger le fils par rapport à son père. L'essentiel, c'est d'avoir un excellent avocat", assure au contraire Tahar Benslimani, de la CFDT Tati. C'est lui qui fait appel au cabinet d'avocats dans lequel se trouve Thomas Hollande. Mais sans connaitre alors, nous a-t-il expliqué, l'existence de Thomas Hollande.