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"On va tenter, on verra bien" : dans un village de l'Aube, ces électeurs qui ont choisi le RN
AU CŒUR DE LA FRANCE OUBLIÉE - À Piney, commune rurale de l'Aube, 52% des personnes ont voté pour la liste menée par Jordan Bardella. Les électeurs RN rencontrés n'évoquent pourtant aucune mesure concrète défendue par le parti d'extrême droite.
Dans ce village de l'Aube, 52% des électeurs ont voté Rassemblement National aux élections européennes dimanche 10 juin.
Crédit : Arthur Pereira / RTL
Piney, village de 1.500 âmes, à une vingtaine de kilomètres de Troyes (Aube). Ici, 52% des électeurs ont glissé un bulletin RN aux élections européennes.
Cette commune rurale dispose d'un bureau de tabac, d'une boulangerie et d'une épicerie. Une épicerie dans laquelle la question du pouvoir d'achat prédomine très clairement dans les rayons. Les clients se baissent, se plient en deux pour attraper le paquet de pâtes le moins cher. Devant les frigos remplis de surgelés, Sylviane tire son petit chariot en plastique. Les prix ? "Une catastrophe", déplore-t-elle au micro de RTL.
La retraitée touche 1.200 euros de pension avec un loyer à 500 euros. Sans compter les charges, le plein d'essence... Bref, c'est simple : le 20 du mois, il ne reste plus une pièce dans son porte-monnaie. "Vous avez des gens qui sortent, vont au restaurant. Ils font plein de trucs. Moi, ce n'est pas le cas. Mon seul luxe, c'est ma chienne, mon Cocker." Et aller au cinéma par exemple ? "Vous avez vu le prix d'une place ? Ça me paie mes repas pour deux trois jours."
"J'ai l'impression que tous nos politicards sont des voyous"
Alors dimanche 10 juin, Sylviane a voté RN pour la première fois. "Et puis je vais revoter RN, croyez-moi !" Et de poursuivre : "Je ne sais pas ce que ça donnera. On a essayé gauche et droite, et on s'est fait foutre dedans comme c'est pas permis. On va tenter, on verra bien." Elle avoue "ne pas être une férue de politique. Le seul truc qui me dérange un peu, c'est que j'ai l'impression que tous nos politicards sont des voyous".
Elle ira pourtant voter aux législatives anticipées. "Oui, parce que j'ai un petit espoir en me disant : bon Dieu, peut-être qu'au moins un dans le lot va sortir des sentiers battus, va se rendre compte que le pays va à vau-l'eau. On est endetté. Qu'est-ce qu'on va laisser, à vous, comme dette ?"
Dans ses mots, de la colère. La volonté d'un changement radical. Mais quelles sont les mesures concrètes qui poussent les autres clients à voter RN ? Dans la file d'attente de cette épicerie, Pascal est venu acheter deux sachets de pommes et trois bananes. "Monsieur Macron nous avait promis des tas de choses. Mais monsieur Macron n'a pas tenu ses promesses." L'homme parle d'"un vote sanction" et pense que le chef de l'État "laisse tomber un peu trop les Français en ce moment".
Un peu plus loin dans la queue, Valérie et Paul ont toujours voté pour le parti à la flamme. "J'aime bien ce qu'ils proposent." Et plus précisément ? "Là, je ne saurai pas vous répondre", reconnaît l'homme. "Je ne sais pas trop. Mais je sais que je revoterai pour lui (Jordan Bardella)", ajoute Valérie. Aucune mesure concrète ne sort de la bouche des électeurs RN avec qui RTL a échangé. Le ras-le-bol, la déconnexion des politiques avec le monde rural. "En campagne, quand on vous dit : 'Faut covoiturer, faut aller à pied ou à vélo', moi je veux bien, mais en campagne, vous faites comment ? Tout le monde n'a pas les moyens de se racheter une voiture", conclut Sylviane.