J-3 avant le premier tour des législatives. Emmanuel Macron était en Seine-Saint-Denis hier, il va dans le Tarn aujourd'hui... Signe qu'il y a péril en la demeure ? Signe qu'il faut "se mobiliser"... C'est ce que le président a demandé au conseil des ministres : aller sur le terrain et étriller Jean-Luc Mélenchon. La veille, au dîner, Emmanuel Macron a pris la température auprès de ses lieutenants. Tous lui ont dit que la question du pouvoir d'achat écrasait tout. Et que beaucoup de Français n’ont pas la tête aux législatives.
Certains ont même raconté avoir croisé des électeurs avec des stratégies, un peu baroques, du style voter RN pour barrer la route à la Nupes... Le chef de l'État, lui aussi, veut barrer la route à la gauche. À Clichy hier, il a appliqué sa propre consigne : torpiller le projet mélenchoniste. Et d'ajouter "je pense que les Françaises et les Français sauront donner une majorité au projet que je porte".
C'est la question du jour : majorité absolue ou une majorité relative pour Emmanuel Macron ? Les macronistes décortiquent les sondages, font des projections. Mais la photo est floue. La majorité absolue, c'est un nombre magique : 289 députés. Un élu, archi-confiant, vise les 345. Dans ce monde idéal, les marcheurs seraient assez nombreux pour ne pas être dans la main d'Édouard Philippe... Des cadres macronistes, moins confiants, pensent que pour atteindre le nombre magique il faudra additionner En marche, le Modem et Horizon...
Est-ce un risque ? "Est-ce que Philippe plaidera pour la retraite à 80 ans ?", persiffle un conseiller. Un dirigeant macroniste n'est pas inquiet car le financement des partis de la majorité est commun... "On a verrouillé l'accord, confie-t-il. On a besoin que le président soit bien maître à bord".
Et si jamais ces trois alliés, ensemble, n'atteignent pas les 289 sièges... accrochez vos ceintures. Quinquennat rock'n'roll en vue. Marine Le Pen en fait un argument de campagne : une majorité relative histoire qu'Emmanuel Macron galère. Difficile de faire voter des lois si les oppositions cumulées sont majoritaires. La majorité serait obligée de draguer LR. Un ténor de la droite en rêve presque : "Il faudra faire sauter Macron à la corde. Il veut une réforme des retraites ? On la vote à condition qu'il y ait ce qu'on veut dedans. Idem pour la réforme des institutions". Bref, de la négociation texte par texte pendant le quinquennat.
Le seul débat national des législatives a lieu ce jeudi 9 juin avec une dizaine d'invités sur le plateau de France 2. Olivier Véran représentera la macronie. Une élue MoDem viendra en renfort, sinon c'était seul contre tous. Il y aura Jordan Bardella du RN, Guillaume Peltier de Reconquête!, Florence Portelli pour LR... et la Nupes sera là avec un format "Puissance 4". La gauche est unie. Il y aura l'insoumis Adrien Quatennens, Olivier Faure pour le PS, l'écologiste Julien bayou et Ian Brossat du PC. On notera qu'ils avaient 4 chances d'envoyer une femme, mais la Nupes la joue "boys club" ce soir.