"Je ne vous demande pas de m'aimer, je vous demande de me soutenir". C'est ce que François Fillon a déclaré lors de son meeting dimanche à la porte de Versailles. Un drôle de discours pour la présidentielle car ce n'est pas qu'une affaire de raison, c'est aussi une affaire de cœur. Dans une présidentielle on est autant en campagne qu'en "conquête". Le mot "conquête" en dit beaucoup. Il y a la conquête du pouvoir bien sûr, mais pas seulement. La conquête, ça dit aussi que cette élection, cette rencontre entre un homme et un peuple, c'est une question de désir, d'envie, de séduction.
Rappelez-vous de Lionel Jospin, à qui l'on reprochait de ne pas assez fendre l'armure, de ne pas assez donner de sa personne. Alors que Ségolène Royal en avait joué avec son "désir d'avenir" et Jacques Chirac en avait lui, quasiment fait une conquête féminine. La plupart du temps, les candidats cherchent à se faire aimer ou en tout cas ils essaient, même chez les plus perméables. Là François Fillon prend le contre-pied total.
Parce qu'il sait que ça ne marche pas, parce qu'il sait qu'il est lesté par les affaires, que son image est abîmée. Vous avez vu que pour 65% des Français, la qualité essentielle pour un président de la République c'est la probité, l'honnêteté. François Fillon sait que ce n'est plus une histoire d'amour entre lui et les français, et même entre lui et une partie de la droite. Il sait que ce n'est qu'une histoire de projet, de programme.
Mais il dit aussi "vous n'avez pas le choix, la droite c'est moi, il n'y a personne d'autre en rayon." Ça pourrait le sauver parce que François Fillon est convaincu qu'il y a un vote caché derrière ces sondages qui ne sont que des échantillons qui ne prennent pas en compte ces Français qui n'oseraient pas dire qu'ils votent pour lui. Plus qu'un vote caché, un vote honteux en réalité.
Mais dans l'esprit de François Fillon, ce vote caché, ce sont surtout tous ces électeurs de droite qui n'ont pas envie de voter pour lui, qui ne l'aiment pas, qui n'aiment pas ce qu'ils ont découvert de lui. Mais qui une fois dans l'isoloir se diront "c'est le seul programme qui nous convient", "on n'a pas le choix".
Nicolas Sarkozy et son conseiller de l'époque Patrick Buisson étaient persuadés en 2012, qu'il y avait un réservoir de voix, des voix cachées. François Fillon pense aussi qu'il y a un réservoir de voix que l'on découvrira bientôt sachant par exemple que 30% des électeurs de Nicolas Sarkozy de 2012 ne sont pas encore sûrs de leur choix. Et bien nous verrons dimanche 23 avril, s'il y a des électeurs cachés ou des électeurs fantômes.
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