"Une ville tranquille, mais on ne sait jamais", comment le RN a séduit des électeurs dans l’Yonne

La ville de Joigny (Yonne) est dirigée par la gauche depuis une quinzaine d'années. Mais, aux élections européennes, les électeurs ont fait le choix du RN. Le parti est arrivé en tête avec 34% des voix dans cette commune de 10.000 habitants. 

Au-delà de la question du pouvoir d'achat, le thème de l'immigration revient souvent dans les discussions entre les citoyens. Deux retraitées discutent sous un parasol. Elles ont toujours voté. Elles sont inquiètes par l'insécurité en France. Selon l'une d'elles, Joigny est "une ville assez tranquille". "Ça peut aussi venir chez nous. Pour l'instant, c'est calme, mais on ne sait jamais", souligne l'autre. 

Monique, une autre habitante, a voté pour le Rassemblement national lors des élections européennes. Pour elle, "beaucoup" de personnes arrivent sur le sol français "pour profiter des aides sociales". Les propos de Monique font bondir Anaïs. "Je trouve ça intéressant et très déroutant d'entendre des personnes qui, dans leur quotidien, affirment ne pas être touchées par l'insécurité, ne pas la ressentir et pourtant qui ont envie de voter contre l'immigration", pense la jeune femme. 

Anaïs s'oppose également à "cette vision des migrants un peu profiteurs des aides sociales". Cette habitante assure que "la plupart d'entre eux cherchent à fuir une situation désastreuse dans leur pays. J'ai l'impression que c'est un peu un imaginaire des réfugiés politiques qui viennent ici voler la France". 

La particularité de la commune

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La ville de Joigny possède un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, situé à trois kilomètres du centre-ville. Cette structure gérée par l'association Coellia. 130 personnes, des hommes seuls ainsi que des familles, résident à l'intérieur de cet immeuble en crépis blanc. 

Une femme, qui a fui son pays d'origine, a accepté de répondre à RTL. Elle est venue en France, en compagnie de sa fille, avec une réelle envie de reconstruire sa vie. "Je parle français. Je peux me débrouiller aujourd'hui. Il y a beaucoup de familles qui essaient de parler français, qui vont à l'école, qui cherchent du travail et qui sont vraiment très stables", assure cette maman. 

Ce constat partagé par les élus locaux. Nicolas Sauret est le maire socialiste de Joigny. "Dans la liste des gens qui sont suivis par la justice, je n'ai jamais eu un demandeur d'asile. Jamais. Et ceux qui veulent faire croire que les immigrés sont source d'insécurité, [ces personnes] sont dans la manipulation politique. Ce ne sont pas les faits", assure l'élu. 

"Moi, je ne fais pas la traque aux immigrés mais aux délinquants. Mon devoir en tant que maire, c'est de maintenir un climat de paix entre mes concitoyens sans les diviser", conclut Nicolas Sauret au micro de RTL.