C'est un député d'un nouveau genre. François Ruffin a été élu lors des dernières élections législatives, dans la foulée de l'arrivée d'Emmanuel Macron à la tête de l'État. Député France insoumise de la 1ère circonscription de la Somme, ce néo-politicien peut se vanter d'avoir eu une vie bien remplie avant la politique.
En 2017, François Ruffin est récompensé du César du meilleur film documentaire pour Merci Patron !. Auparavant, il a été journaliste pour Le Monde diplomatique, France inter et a lancé son propre journal Fakir.
Le député a pris part au conflit qui oppose les cheminots au gouvernement en organisant le 5 mai dernier "la Fête à Macron", un rassemblement visant à dénoncer les réformes du président de la République, à l'approche de la date anniversaire de ses un an à l'Élysée. François Ruffin souhaitait une "manifestation pot-au-feu" où chacun viendrait "avec ses propres revendications, banderoles mais aussi espoirs".
Pour percer l'énigme Ruffin, il faut remonter à 2016, lorsque son action prend une tournure politique. Dans la foulée de son documentaire, François Ruffin lance le collectif Nuit Debout. Il s'agit d'un regroupement de "300 personnes dont 50 très actives selon l'un des organisateurs", rappelle Les Échos, qui se définissent comme "syndicalistes, intellectuels, zadistes, ouvriers, mal-logés, étudiants, précaires" mais aussi "intermittents".
Apolitique et à travers des rassemblements spontanés place de la République à Paris, le mouvement s'est consolidé autour de la contestation face à la loi Travail, sous le mandat de François Hollande. L'objectif était de ne pas manifester "traditionnellement", mais plutôt de se calquer sur d'autres mouvements comme "Occupy Wall Street". Leur revendication : changer le système.
Peu à peu, la mobilisation faiblit. Dans une interview accordée à Libération le 5 juin 2016, le réalisateur marque la fin de l'épisode Nuit Debout. "Le miracle, c’est qu’il ait existé, et cette étincelle laissera des traces (...) Le mouvement a servi de passerelle, dans la lutte contre la loi Travail, entre les manifs de mars, qui ont fini par décroître, et l’épisode actuel des grèves et blocages. Nuit Debout, surtout, témoigne d’un vide politique. Plein de gens, qui ne se sentent pas représentés, attendent autre chose. Ce sentiment d’'irreprésentation' est une poche de gaz, explosive, qui peut produire le meilleur comme le pire".
François Ruffin ne s'arrête pas là. Durant la campagne présidentielle, il va au contact. À deux reprises, il interpelle Emmanuel Macron. Les images resteront des temps forts de la présidentielle, notamment lors de l'interpellation du candidat En Marche, à l'usine Whirlpool d'Amiens.
Ce fameux sentiment "d'irreprésentation" devient la ligne directrice de la politique de François Ruffin. Le député s'atèle à représenter ceux qu'ils l'ont élu. Lorsqu'il devient officiellement un représentant de la République en juin 2017, François Ruffin choisit de citer l'écrivain américain Mark Twain : "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait". Cette phrase dite à ses soutiens, lors d'un rassemblement à Flixecourt, près d'Amiens, traduit l'état d'esprit du jeune député.
"On écrivait que sur le papier, tout était impossible. Mais sur le papier, tout est impossible ! Sur le papier, on perd tout le temps, sur le papier, il n'y a pas de 14 juillet, pas de Front populaire ! Sur le papier, les gagnants gagnent toujours. On veut montrer que c'est l'inverse qui se passe !", ajoutait-il.
Son style détonne à l'Assemblée nationale. En septembre 2011, le député de la France insoumise a confronté le fils du PDG de l'entreprise Bigard. Interpellé sur la non-publication des comptes de la société, Maxence Bigard avait froidement répondu à François Ruffin : "Ce rapport, j'en prends acte. Je prends acte de vos questions également". Face au silence du fils de Jean-Paul Bigard, l'élu avait lâché : "On est dans Le Parrain ou on est dans une commission d'audition à l'Assemblée nationale ?"
Trois mois plus tard, en décembre 2017, François Ruffin a une nouvelle fois fait trembler les codes de l’hémicycle. Le député de la France insoumise prend la parole pour afficher son soutien à une proposition de loi UDI-Agir pour taxer de 5% les gros transferts du football afin de financer le sport amateur. Ce comportement lui a valu une amende. Détail non négligeable : il porte le maillot d'un petit club de foot amateur.
La tenue de l'élu de la Somme ne plaira pas à Hugues Renson (REM) qui préside la séance. "Le respect dû à nos débats qui implique une tenue correcte qui soit digne des lieux", a-t-il rappelé. N'ayant pas changé de tenue pour la reprise de la séance, il finira par être sanctionné par le président de l'Assemblée, François de Rugy et le priver pendant un mois de 1.378 euros, soit le quart de son indemnité parlementaire. Le principal intéressé s'est dit "très fier de faire entrer dans l'hémicycle le visage de tous les gens des petits clubs", avant de remettre son pull "en apaisement".
Sur son action, François Ruffin a proposé, sur les réseaux sociaux, mais aussi via des tracts, aux électeurs de la Somme de juger sa première année de député. "Un an après. Chaque mois, 1.143 euros sont versés de mon compte parlementaire vers mon compte personnel. Je signe chaque mois trois chèques de 1.000 euros à destination d'associations (Secours populaire, Fondation Abbé Pierre, Restos du Cœur, etc.). Le résidu est gardé en réserve, pour payer le fisc (car je serai imposé sur les 5.800 euros)", écrivait-il.
L'élu s’engageait ainsi à démissionner si "25 % des électeurs de la circonscription" signaient une pétition contre lui. Dans un formulaire, il écrit : "Je passe mon temps à roupiller à l'Assemblée ? Ou au contraire, je fais trop de bruit et je devrais laisser d'autres dormir, que Macron gouverne en paix ? Comme promis, vous pouvez me révoquer".
En février 2018, l'ancien journaliste n'est guère optimiste sur l'avenir de la France insoumise. "Jean-Luc Mélenchon est toujours dans 'la lutte d'après, le combat d’après, ça va gagner'. Mais je pense qu'on vit un temps de ressac qui peut être durable. Il faut placer les militants dans un temps long", indiquait-il selon des propos rapportés par Pauline de Saint-Rémy, journaliste politique chez RTL.
Face aux rumeurs de tensions entre Jean-Luc Mélenchon et le député insoumis, l'ancien candidat à l'élection présidentielle a tenu à saluer l'action du militant, lors du Grand Jury RTL/ Le Figaro/ LCI : "François est un garçon qui a d'immenses talents. Il a une intelligence des situations rares qui pour nous est un bien précieux. C'est pourquoi quand il a imaginé la formule particulière de la manifestation du 5 mai, nous avons tous dit 'c'est comme ça qu'on doit faire. C'est toi qui a raison, on te suit'".
Le leader de la France insoumise précise néanmoins : "Mais je pourrais vous citer des dizaines de discussions entre nous, où progressivement la discussion permet de choisir un thème. Pourquoi voudriez-vous qu'on se sépare, au moment où on s'entend le mieux. Nous sommes amis et unis par des liens fraternels, c'est-à-dire que nous acceptons d'être différent les uns des autres". Amis et unis, donc mais pour combien de temps ?
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