Pas "d'apéros" ni de "dîners politiques" : François Bayrou dénonce des "accusations" sur son travail à Matignon

Sur la question de la dette, François Bayrou veut une prise de conscience des citoyens. "Il serait indigne et déshonorant pour nous de ne pas regarder les Français dans les yeux et de leur dire 'ceci est un danger mortel pour vous', a-t-il déclaré au Grand Jury.

"La stabilité ne doit pas nous coûter l'immobilisme", a déclaré Emmanuel Macron à Oslo. Une critique voilée envers son Premier ministre et sa méthode ? Pour François Bayrou, il n'en est rien.

"Je travaille avec le président de la République. Toute tentative de mettre en nous ces acides dont le monde est friand, qu'on ne s'entendrait pas... Vous pouvez essayer, mais vous n'y arriverez pas. En tout cas de ma part. Je ne suis pas là pour un intérêt personnel. Je ne suis pas là en pensant à d'autres échéances", a ajouté François Bayrou.

D'après plusieurs articles de presse écrite, François Bayrou ne travaillerait "pas beaucoup". "Vous êtes vous seulement posé de la question de savoir si c'était vrai, a immédiatement contre-attaqué le Premier ministre. Vous m'avez deux fois par semaine au téléphone et m'avez-vous posé la question ? Vous insinuez. J'aime les conversations franches, d'homme à homme, a-t-il répondu à Olivier Bost. Est-ce qu'une seule fois, vous m'avez dit : 'est-ce que vous avez des apéros ?' Je n'ai jamais d'apéros, insiste François Bayrou.

"Vous portez des insinuations. Est-ce que j'ai des diners politiques tous les soirs qui traînent en longueur ? Je n'ai jamais de dîners politiques. Vous vous faites sciemment l'expression d'accusations destinées à nuire".

"Se regrouper pour être plus forts". C'est la logique qui semble convaincre le Premier ministre de soutenir la réforme de l'audiovisuel public français. Un rassemblement des forces et des économies d'échelle permettant d'éviter des doublons dans les organisations selon lui, qui permettra à l'audiovisuel public d'être plus résistant face aux assauts des grands groupes médiatiques américains comme Netflix.

Pour François Bayrou, "il y a une majorité pour la proportionnelle à l'Assemblée nationale. Cette majorité-là, passe, au sein du socle commun. Il y a des sensibilités différentes. Je présenterai ce texte après le travail budgétaire", promet le Premier ministre. Le texte pourrait donc arriver au Parlement en début 2026 ou "à la fin de cette année", précise François Bayrou.

Souhaitant démontrer sa capacité à aller à "contre-courant", François Bayrou a annoncé vouloir "reprendre en main la politique de l'eau" dans un objectif écologique. "Des régions entières vont manquer d'eau, or, depuis la Rome antique et l'Égypte antique, on sait que l'eau, il faut la réguler".

François Bayrou veut miser sur le "verdissement" des villes et "s'intéresser à l'énergie pour le rafraîchissement des logements." Le Premier ministre cite la "géothermie" comme l'une des technologies à mettre en avant pour améliorer le chauffage et le refroidissement à l'avenir.

"Mon objectif est que pour les dépenses publiques, nous nous retrouvions avec une pente, dans 4 ans, à un niveau tel que la dette n'augmente plus". François Bayrou dit viser les "4.6 points" de déficit. Et d'ajouter : "Ce ne sera pas simple, mais il y a un critère : c'est que tout le monde participe [à cet effort].

La censure socialiste ne pourra passer que si elle reçoit le soutien des députés du Rassemblement national. Interrogé sur cette question, François Bayrou a annoncé n'avoir "aucune assurance, d'aucune sorte" que les députés RN protègeront ou non son gouvernement mardi prochain. Tout le monde menace, mais qui s'occupe de la situation du pays ? Que font les partis qui menacent de censure pour que la situation du pays avance", s'interroge François Bayrou face aux prises de parole de Marine Le Pen pour qui les jours du gouvernement Bayrou sont comptés.

François Bayrou ne semble pas s'inquiéter outre mesure de la motion de censure déposée contre lui par les députés socialistes. "C'est une blague, le parti socialiste ne fait pas une censure sur la question de l'inscription du texte législatif, ils font une censure pour montrer qu'ils sont dans l'opposition", balaye François Bayrou.

Et de continuer : "En expliquant, pour les plus éminents d'entre eux, [référence à François Hollande, ndlr] que ça ne sera pas voté. Que c'est un coup de semonce. Il y a des raisons internes au PS sur lesquelles je ne me pencherai pas..."

François Bayrou a répété que puisqu'il n'y avait pas eu d'accord après le conclave entre les partenaires sociaux, le gouvernement "prendra ses responsabilités". Une façon d'expliquer qu'il comptait reprendre la main sur les avancées et trancher lui-même les derniers points laissés indéterminés par la négociation.

Soucieux de faire valoir les avancées acquises pendant les négociations de ces dernières semaines, François Bayrou dessine un avenir mieux disant pour les femmes concernant leurs retraites. "Pour les femmes qui ont eu un enfant, on ne calculerait leur retraite que sur les 24 meilleures. Et pour celles qui ont eu 2 enfants ou plus, que sur les 23 meilleures années. Ça veut dire qu'elles gagnent un ou deux pour la prise en compte de leur pension", décrit-il.

"Au lieu de 67 ans pour partir sans décote, on passerait à 66,5 ans. C'est un progrès considérable, du moins très important", souligne François Bayrou.

François Bayrou refuse de qualifier l'état des négociations actuelles autour de la question des retraites avec les partenaires sociaux d'échec. "Ça n'a pas été un échec, on a été à l'extrême bord d'un accord", explique François Bayrou sur RTL.

Après l'échec lundi des concertations sur les retraites entre les syndicats et le patronat, François Bayrou a acté dans une conférence de presse jeudi des "avancées" et jugé possible dans les 15 jours que les partenaires sociaux trouvent un "compromis" sur les retraites.
Mais la CFDT, premier syndicat, a refusé vendredi d'entrer dans de "nouvelles séances de négociation" alors que "le conclave est terminé depuis lundi", dans une déclaration à l'AFP de sa secrétaire générale Marylise Léon. Réaction de François Bayrou : "Si les organisations considèrent que ça n'est plus leur heure et qu'il faut trancher, on tranchera. Je n'ai aucun problème avec la décision", a-t-il déclaré en marge d'un déplacement à Briançon (Hautes-Alpes) sur les Jeux olympiques d'hiver de 2030.

L'ancien Premier ministre Michel Barnier (LR) a estimé qu'Emmanuel Macron "devra dissoudre" l'Assemblée nationale", en cas de censure du gouvernement de François Bayrou. Si ce gouvernement venait à tomber, il faudra en revenir au peuple et je pense que le président de la République devra dissoudre", a déclaré l'ancien Premier ministre dans un entretien au Figaro.

François Bayrou a déjà survécu à plusieurs motions de censure, et en affrontera une nouvelle du Parti socialiste la semaine prochaine, - mardi selon plusieurs sources parlementaires -, le PS lui reprochant de ne pas mettre en débat au Parlement la question de l'âge légal de départ à la retraite.

Les deux têtes de l'exécutif, Emmanuel Macron et François Bayrou, ont perdu chacun deux points de confiance dans un baromètre mensuel Toluna/Harris interactive pour LCI paru vendredi. François Bayrou est tombé à 27% de confiance, le taux le plus bas enregistré par l'institut depuis son arrivée à Matignon, dont une chute spectaculaire de 11 points chez les sympathisants Renaissance, mais avec là encore une hausse équivalente chez les sympathisants PS (+ 11) et LR (+10).

Le Premier ministre François Bayrou sera interviewé pendant une heure, de 12h00 à 13h00 dans l'émission "Le Grand Jury" sur RTL. Le débat sera mené par Olivier Bost, chef du service politique de RTL.