"Emmanuel Macron veut remettre de l’ordre dans notre profession", estime Alba Ventura
ÉDITO - Entre l'exécutif et la presse, les relations ne risquent pas de s'arranger. Ce n'est pas compliqué, il veut d'abord faire l'inverse de ses prédécesseurs !

Nicole Belloubet, la ministre de la Justice souhaiterait sortir l'injure et la diffamation de la loi sur la liberté de la presse. Récemment, c'est le secrétaire d'État au Numérique, Cédric O, qui annonçait vouloir créer un Conseil de l'ordre des journalistes, avant de rétropédaler. Que se passe-t-il entre le pouvoir et la presse ?
Voilà de nouveaux exemples des relations pas toujours très simples entre les journalistes et le pouvoir. Alors le dernier en date, celui que la ministre de la Justice pose sur la table et qui entend sortir l'injure et la diffamation de la loi de 1881 sur la liberté de la presse part d'une bonne intention. C'est-à-dire qu'il s'agit de lutter contre les contenus haineux, racistes et antisémites qui se propagent sur internet.
Donc ces deux délits (injure et diffamation) tomberaient sous le coup du droit commun. C'est un sacré changement de régime parce que le délit de presse est un délit spécifique.
Secrets des affaires et fake news
Attention, ça ne veut pas dire que les journalistes ont la liberté de diffamer mais la loi sur la presse est protectrice pour les journalistes, notamment face aux groupes de pression. Cela dit, depuis qu’Emmanuel Macron a été élu on est dans un climat disons de méfiance. D’ailleurs, le président ne s’est jamais vraiment attardé sur la notion de liberté de la presse.
Il y a eu depuis son élection : la loi sur le secret des affaires qui est vécue comme une atteinte au droit à l’information ; la loi sur les fake news, les fausses nouvelles qui sous prétexte de lutter contre la manipulation de l’information accroît le contrôle de l’information et donne plus de pouvoir au CSA, le gendarme de l’audiovisuel dont on rappelle que ces membres sont nommés par le pouvoir.
Puis, il y a eu des convocations de journalistes par la DGSI pour chercher à identifier leurs sources, soit sur leur enquête sur l’utilisation d’armes françaises au Yémen, soit sur des révélations à propos de l’affaire Benalla.
Se distinguer de Hollande et Sarkozy
Affaire Benalla dont on rappelle que le président Macron avait lancé : "Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité". Donc, vous voyez, le président considère que la presse dysfonctionne, que les journalistes ne savent pas se réguler. Ça ne veut pas dire que l’on à faire à un régime autoritaire mais il y a la volonté de remettre de l’ordre dans notre profession.
D'où vient ce contentieux ? Depuis le début, Emmanuel Macron a voulu marquer une distance. Il ne voulait surtout pas être le "copain des journalistes" ,comme l’a été François Hollande ou le rédacteur en chef comme le faisait Nicolas Sarkozy. Il a par ailleurs été très marqué par la diffusion des fake news pendant la campagne présidentielle.
Le pouvoir ne doit pas se mêler de la presse
Alba Ventura
Il voulait passer en direct face à l’opinion sans intermédiaire. Ce qui peut se comprendre. Mais simplement, le pouvoir ne doit pas se mêler de la presse, le pouvoir ne doit pas dire aux journalistes ce qu’ils doivent dire ou ne pas dire. On a vu ce que ça avait donné sous Napoléon III ou sous Vichy.
Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas de défaut, qu’on est au-dessus de la critique et qu’on n’a pas à faire notre examen de conscience. On est loin d’être parfait ! Mais la presse, cela relève de la liberté d’expression. On ne la muselle pas, ce n’est jamais un service à rendre à la démocratie.
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