Élizabeth Martichoux : "Dans les coulisses de 'Qui veut entrer à Matignon ?'"
CHRONIQUE - Alors que toute la majorité bruisse de rumeurs de remaniement, on a peut-être trouvé le futur Premier ministre sur une photo de classe.
Une nouvelle fois, on annonce un remaniement, peut-être avant les élections européennes. Qui serait alors nommé au poste de Premier ministre ? Pour trouver la réponse, voici une petite expérience.
Prenez une vieille photo de classe quand vous étiez petit. Vous reconnaissez immanquablement le copain bruyant, le petit brun grande gueule, le fayot, le flemmard, le ramenard... Certains étaient voués à un bel avenir. Et finalement, à l'épreuve de la vie, ils n'ont rien fait, alors que d'autres se sont révélés plus tard.
Si Hollande veut faire simple, il choisit Valls
C'est pareil avec la photo du premier gouvernement Ayrault. Il y en a un qui n'était pas très scolaire. Typiquement, c'est lui qui savait se rendre indispensable au prof. Il organisait tout dans la classe, et en plus il était populaire dans la cour de récré. C'est le profil de Manuel Valls. Sur le papier, ce n'est pas le meilleur, il n'a pas 20/20 à tous les contrôles. Mais dans la vie, il trace, il entraîne. Si François Hollande veut faire simple, il a son premier ministre sous la main. Mais jusqu'au dernier moment, il peut naturellement choisir une autre solution.
Sur la photo, il y a aussi le bon élève, le premier de la classe qui, pourtant, à la fin de l'année se retrouve au fond près du radiateur. Ça, c'est le profil de Vincent Peillon, brillant, bosseur. Mais sa réforme sur les rythmes scolaires reste politiquement brouillonne. Il ne sera pas chef du gouvernement.
Tiens, on voit aussi un autre élève très bon, malin, doué, qui fait très bien ses devoirs et en qui le prof avait toute confiance. Mais il a complètement raté un gros contrôle, et depuis son étoile a pâli. Il fait penser à Michel Sapin. Solide, salué pour son travail ministériel, il porte l'échec de l'inversion de la courbe du chômage. Pour Matignon, c'est sans doute raté.
Ils n'ont pas (encore) le profil
Il y avait un autre élève très proche de l'instituteur. Trop, peut-être, pour se distinguer. Au gouvernement, c'est Jean-Yves le Drian.
Il y avait une fille dans la classe, très forte, avec beaucoup de personnalité et de caractère, pas commode. Comme Christiane Taubira, qui n'a pas le profil pour aller à Matignon.
Il y a aussi l'élève le plus expérimenté, le sage de la classe. On n'ose pas trop l'embêter dans la cour. Respect. C'est Laurent Fabius, dont la cote a beaucoup remonté. Il sait comment marche un gouvernement. Mais pour mettre en œuvre le "pacte de responsabilité"essentiel à la réussite de François Hollande, est-il le bon choix ? Pas sûr. Il pourrait rester en retrait.
Il y a un élève qui se fait beaucoup remarquer. Intelligent, charismatique, il est en mouvement, mais un brin imprévisible. Là, on voit Arnaud Montebourg, qui n'a pas du tout le profil pour être délégué de classe pour l'instant.
Les fortes têtes
N'oublions pas certaines fortes têtes, qui ne sont pas sur la photo. On les trouve plutôt dans la salle des professeurs. Martine Aubry ? Elle n'est pas compatible avec François Hollande - ce serait une cohabitation. Ségolène Royal ? Elle ne fera pas un retour direct à Matignon.
Claude Bartolone ? Comme le dit cruellement un socialiste, "c'est une piste possible, elle est même certaine si on l'écoute". Plus sérieusement, il est apprécié des parlementaires. Mais est-ce suffisant ?
Le ministre de l'Intérieur reste la valeur sûre. Il s'en est fallu de peu pour qu'il soit nommé fin novembre. Mais François Hollande a écouté des proches - des "Hollandais" historiques qui le lui déconseillaient. Le chef de l'État a hésité. Ensuite, la fenêtre de tir s'est refermée.
Quand pourrait avoir lieu un éventuel remaniement ? Une certitude : ce ne sera pas avant que le "pacte de responsabilité" n'ait été conclu, au plus tôt en avril. Ensuite, tout sera possible. Mais François Hollande n'est dans la main de personne.
Pour conclure sur la métaphore scolaire, le président peut aussi choisir de faire redoubler Jean-Marc Ayrault. Mais comme on le sait en France, le redoublement fait rarement progresser les élèves.
