ÉDITO - Vote de confiance : "Tout le monde a fait son cinéma", regrette Isabelle Saporta

"Merci de quitter l’hémicycle en silence." Avez-vous entendu cette petite phrase de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, exaspérée de voir les députés se lever bruyamment à chaque fois que leur champion avait fini de parler lors du vote de confiance du lundi 8 septembre ?

Parce que ces députés n’ont même pas fait mine de vouloir écouter ceux qui ne pensent pas comme eux, ceux qui ne votent pas comme eux, pour essayer de trouver un chemin. Parce que la seule chose qui s’est jouée hier de la part de ces leaders politiques, c’est une nouvelle fois de faire un petit tour de piste, retransmis à la télé. Écouter les autres, pourquoi faire ?

Ces députés ont finalement donné raison à François Bayrou, qui n’a eu de cesse de les tancer. Tout le monde a fait son cinéma. Le PS, par la voix de Boris Vallaud, a été d’autant plus virulent qu’il voulait faire oublier le soutien de son parti à ce gouvernement durant des mois, sans insulter l’avenir s’il fallait se remarier fissa à LFI pour sauver ses strapontins.

"Deux lignes : celle de LFI et celle du RN"

De son côté, Laurent Wauquiez, pour LR, voit dans LFI, aujourd’hui à 10%, le seul ennemi de la République. Ses députés ont voté, pour près de la moitié, soit contre soit se sont abstenus de soutenir ce gouvernement alors que leur propre président, Bruno Retailleau, y est ministre de l’Intérieur. Comment lui dire que l’on voit son petit coucou au RN ?
 
La vérité, c’est qu’il n’y a plus que deux lignes désormais : celle de LFI et celle du RN. Chacun de ces blocs a son bouc-émissaire. À ma gauche, ceux qui pensent que tout est de la faute des riches. À ma droite, ceux qui pensent que tout est de la faute des immigrés et de l’Europe.

Et au milieu, il y a le réel, dont le défunt Premier ministre avait raison de souligner qu’il serait bien difficile de l’effacer : 3.400 milliards de dettes, une société fracturée, une guerre intergénérationnelle et une préférence constante pour le présent sans jamais être capable d’investir sur l’avenir. Décidément, ça va être long jusqu’à la prochaine élection présidentielle.