ÉDITO - Loi immigration : pourquoi le gouvernement se trouve dans un bourbier
Le projet de loi "asile et immigration" arrive au Sénat dans dix jours et en décembre à l’Assemblée. Élisabeth Borne et Gérald Darmanin tentent de trouver le bon équilibre pour s'assurer le vote des Républicains et celui de l'aile gauche de la macronie.
La majorité s’enlise toujours plus dans de son projet de loi "asile et immigration". Cela s’appelle un sacré bourbier ou des sables mouvants. Tu bouges à droite, tu t’enfonces, tu bouges à gauche, tu t’enfonces. Et si tu ne fais rien, tu finiras quand même par t’enfoncer.
C’est ce qui est en train de se passer. Je vous rappelle qu’une première version du texte a été présentée au Conseil d’État en décembre dernier, puis la loi devait être examinée en début d’année, puis non, puis le président a voulu la couper en deux, puis non, puis l’été est passé et nous voilà fin 2023, avec enfin une arrivée au Sénat dans 10 jours et normalement en décembre à l’Assemblée.
Mais l’impression de flou et de blocage est plus forte que jamais. Le problème, c’est donc de trouver une majorité pour voter ce texte. Mais quand Elisabeth Borne ou Gérald Darmanin font un pas vers Les Républicains, c’est l’aile gauche de la macronie qui se braque. Quand ils veulent rassurent leur aile gauche, ce sont Les Républicains qui se braquent.
Un projet de loi dans l'impasse ?
Vous complétez une face du Rubik’s Cube, et c’est l’autre côté qui fout le camp. Cela fait des mois que ça dure. Comme si ça ne suffisait pas, la première ministre et le ministre de l’Intérieur ne se supportent plus, et disent parfois une chose et son contraire dans la même journée sur la question de la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension.
Y a-t-il une solution ? L’attentat d’Arras, le contexte terroriste, la situation en Israël… Dans un monde idéal, cela devrait pousser à l’unité, mais ça saurait si on vivait dans un monde idéal et c’est le contraire qui se passe. Le gouvernement prétend incarner un équilibre dans un moment politique où tout pousse les uns et les autres à se replier, et à se radicaliser.
Il reste bien l’option 49.3, la loi adoptée sans vote, mais la droite dit "si vous faites ça on fait tomber le gouvernement", donc un an que ça dure, et le pire est peut-être encore à venir.
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