- 01m29s
3 min de lecture
ÉDITO - Législatives 2024 : faut-il s'attendre à une mobilisation ou à une démobilisation de la gauche ?
Raphaël Glucksmann a demandé à ses électeurs de se mobiliser pour le second tour des élections législatives. L'enjeu est crucial à gauche.
Raphaël Glucksmann vote à Paris pour les élections européennes 2024
Crédit : SAMEER AL-DOUMY / AFP
À deux jours du second tour des législatives, les partis politiques jettent leurs dernières forces dans la campagne. Raphaël Glucksmann a lancé, jeudi 4 juillet, un cri d'alarme pour éviter la démobilisation de l’électorat de gauche et de centre-gauche. C'est un vrai risque pour eux.
On leur a fait le coup du front républicain plusieurs fois aux électeurs de gauche. À plusieurs reprises, on leur a demandé de "voter contre le RN". Raphaël Glucksmann a dit à ses électeurs : "Ce n'est pas indigne de voter contre". Aux élections européennes, il leur avait demandé de voter avec leur cœur et fonction de leurs convictions. Mais ça, c'était avant. Avant la dissolution.
On a vu à quel point, à l’occasion de ces législatives, les Français n’avaient pas l’intention de se faire voler cette élection. Il y a eu une participation massive, énormément de procurations. En 1997, lors des législatives qui ont suivi la dissolution, entre le premier tour et le second, il y a eu 700.000 électeurs nouveaux. Est-ce que ce sera le cas dimanche ? L'une des clés du scrutin sera la mobilisation ou la démobilisation, notamment dans l’électorat de gauche.
Pourquoi l'électorat de gauche serait-il plus enclin à se démobiliser ?
À cause de LFI notamment. De nombreux électeurs de gauche, de la gauche modérée, ne se reconnaissent pas dans l’outrance de cette gauche radicale, qui dit que "la police tue", qui ne reconnaît pas le Hamas comme un mouvement terroriste, sauf à l’approche d’une élection, et qui se comporte mal à l’Assemblée.
François Ruffin a fait un résumé très clair ce jeudi 4 juillet. "Jean-Luc Mélenchon est un boulet et un obstacle au vote", a confié le député sortant de la Somme. Alors, c'est vrai, il essaie de sauver sa place mais il traduit aussi ce que les électeurs lui disent sur le terrain.
Le RN peut-il profiter d'une démobilisation à gauche ?
Cette démobilisation de la gauche pourrait être un avantage pour le RN. Mais il est impossible à l’heure où l’on se parle de dire dans quelle proportion. Le RN est présent dans la majorité des circonscriptions et il s’est hissé soit en tête, soit en 2e position dans la plupart des cas. Le front républicain, pour faire barrage au RN, ce n'est pas automatique. On sait également que les désistements, c'est-à-dire les négociations entre les partis, ont plutôt favorisé la gauche.
Le Rassemblement national pourrait s'éloigner de la majorité absolue sans savoir à quel niveau le parti va se situer. La qualité des reports de vote est une autre grande inconnue de ce scrutin. Là encore, l’électeur d’aujourd’hui n’a plus envie qu’on le prenne par la main. Il décidera tout seul en son âme et conscience, en fonction de son opinion.
Sans majorité absolue, on va entrer dans une période extrêmement compliquée. L'idée d'une coalition avec des gens qui ne partagent pas les mêmes idées me paraît complètement baroque. Si on savait faire des coalitions, ça se saurait. Mais bon, à voir ! Ça risque de durer bien au-delà de dimanche...
