ÉDITO - Législatives 2022 : vive la IVe République et vive la France !

Vive la IVe République ! Car c’est bien ce qui pourrait sortir des urnes. Si Emmanuel Macron n’a pas de majorité absolue, c’est une hypothèse qui se dessine dans les derniers sondages, il devra composer. Le président voulait une nouvelle méthode, celle-là lui serait imposée et elle serait bien plus radicale que son idée de Conseil national de la refondation ou que les 3 ministres de l’Écologie dans un seul gouvernement. Emmanuel Macron devrait composer avec le Parlement qu’il a jusqu’ici largement méprisé.

Le chef de l’État devrait aussi considérer un Premier ministre qui ne serait plus seulement un collaborateur efficace mais le chef d’une majorité composite. "Ce serait la IVe République dans la Ve", selon Emmanuel Macron en personne, c’est vous dire si cette perspective ne l’enchante guère. Il faut dire que la IVe République, c’était l’instabilité permanente et l’inaction et c’est le souvenir tenace qu’elle a laissé.

Mais ce n’est pas tout à fait transposable, nous avons déjà connu sous la Ve, une telle situation. En 1988, le Premier ministre Michel Rocard après la réélection de François Mitterrand, n’avait pas de majorité. Il avait dû débaucher des centristes et des sans étiquette et chercher des soutiens au coup par coup. Les témoins de l’époque racontent très bien tous les cadeaux qu’il fallait faire pour avoir régulièrement les faveurs, toujours éphémères, de députés.

Grâce au 49.3, qui permet de tordre le bras de l’Assemblée nationale, ce ne fut pas une période facile pour Michel Rocard mais il n’y a pas eu de paralysie politique. 

Vers une alliance avec LR ?

Emmanuel Macron devra juste abandonner un peu de pouvoir et laisser faire l’Assemblée, mais ça tombe bien, il ne veut plus être Jupiter, cet hyper-président qui décide de tout et qui prend plus souvent la foudre qu’il ne la fait tomber. Si Emmanuel Macron n’a qu’une majorité relative, il pourrait aussi être contraint à des alliances et là, le plus naturel, serait de le faire avec Les Républicains.

C’était l’idée de Nicolas Sarkozy, qui n’a pas prospéré. L’alliance imposerait probablement un nouveau Premier ministre, des ministres et un programme singulièrement revu et bien plus précis, il faudrait chercher du consensus en permanence. Ce serait une révolution mais que personne ne s’inquiète, c’est ce que vivent tous nos voisins européens qui s’épargnent beaucoup de nos crises. On appelle ça un régime parlementaire et ça n’est pas un drame.