ÉDITO - Jean-Michel Blanquer ne voit plus Emmanuel Macron "avec les yeux de Chimène", selon Isabelle Saporta

Jean-Michel Blanquer a profité de la sortie de son dernier livre pour faire des portraits au vitriol de ses anciens collègues. L'occasion pour Isabelle Saporta, dans son édito du 2 septembre, de se questionner sur les vertus d'un tel exercice.

Jean-Michel Blanquer à Amilly (Loiret) le 22 mai 2022

Crédit : GUILLAUME SOUVANT / AFP

UN POINT C'EST TOUT - Pourquoi les hommes politiques écrivent des livres pour raconter leurs histoires de machine à café (bienvenue monsieur Blanquer)

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Qui, à part les politiques, fait des livres pour balancer des vacheries sur les collègues de bureau ? Vous savez, celles dont on ricane normalement à la machine à café. Là, ces petites méchancetés sont en majesté dans l'ouvrage de Jean-Michel Blanquer.

François Bayrou est ainsi dépeint en glandeur vaniteux. Il préférerait, "la réalité des joies de Narcisse plutôt que les travaux d'Hercule." Mais le plus drôle, ce n'est pas sur les collègues, c'est sur le patron, Macron. C'est un peu un sport national de critiquer le patron, mais généralement, on le fait discrètement.

Pas Blanquer, fayot d'honneur tant qu'il était le préféré de la classe, enfin du gouvernement. "Aucun sujet n'était inaccessible à l'intelligence du président." Il louait et il loue encore "sa dimension lumineuse, son agilité, sa résistance physique, sa compétence, sa détermination."

Coups tordus et humiliations

Mais maintenant que l'aventure est terminée… Jean-Michel Blanquer ne voit plus le président avec les yeux de Chimène. Macron serait désormais un empereur "colérique, enfermé dans sa citadelle, aimant les coups tordus et les humiliations publiques."

Pire, et c'est bien ça le problème, Macron aurait "sacrifié son plus fidèle gladiateur pour faire plaisir aux sulfureux visiteurs du soir". Par ailleurs, il souffrirait d'une "amnésie masochiste", lui ayant fait oublier tout ce que Blanquer avait réussi.

Le bilan de Blanquer serait-il tellement parfait ? Un rappel, dans le dernier classement PISA, sur notre niveau scolaire, la France s'effondre en maths, en sciences et en lecture. Un petit mea-culpa peut-être, monsieur le ministre ? Non, il déplore, attristé, la trahison de Macron, ce qui est assez cocasse vu ce que se prend le président dans son livre.

Critiquer le président, une vieille tradition française

Mais rassurez-vous, avant Blanquer, il y en a eu plein d'autres. Tous les autres présidents de la cinquième ont eu droit, eux aussi, à leur bouquin rageux. Le problème, c'est qu'on a totalement oublié qui étaient ces ministres. Leurs carrières n'ont pas vraiment décollé après avoir déversé des méchancetés sur leur ancien patron.

J'ai une proposition pour aider ces déçus à se réinsérer dans la vie active. Vous savez qu'on a une émission qui cartonne dans le groupe M6 ? Ça s'appelle Les Traîtres. Je vous propose qu'on en fasse une version réservée aux politiques, les super traîtres.

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