ÉDITO - France-Maroc : "Les relations diplomatiques sont compliquées mais il reste quelque chose d’affectif", estime Ventura

Depuis le terrible tremblement de terre au Maroc, on a beaucoup évoqué les relations diplomatiques tendues entre nos deux pays. Mais au-delà de cela, c’est un pays avec lequel nous avons des liens très forts. Les Marocains sont nos cousins de cœur. Si les rédactions de télévision font leurs 20 heures en direct de Marrakech, si l’on organise des soirées spéciales, comme M6 qui déprogramme Le meilleur pâtissier mercredi soir pour un concert caritatif, c’est le signe que ce pays est important pour nous. C’est le signe de notre proximité avec le Maroc.

Alors oui, il y a un coup de froid entre les deux pays. Le point de crispation, c'est le dossier du Sahara occidental, avec d’un côté le Maroc qui revendique sa souveraineté, appuyé par les États-Unis, et de l’autre l’Algérie qui estime que cette souveraineté revient aux indépendantistes. Et comme Emmanuel Macron court derrière les Algériens pour tenter de se rabibocher, il a fini par fâcher les Marocains.

Oui, les relations diplomatiques sont compliquées, sans doute comme elles ne l’ont jamais été auparavant, mais il reste quelque chose d’affectif entre nos deux pays, qui résiste aux tensions.

D’un côté comme de l’autre, nous nous retrouvons

Alba Ventura

On peut même dire que nous avons une "communauté en commun". Oui parce qu’on ne perd jamais sa nationalité marocaine et c’est ce qui fait qu’il y a en France beaucoup de franco-marocains. Je crois qu’ils sont plus de 600.000 bi-nationaux comme Jamel Debbouze, Leila Slimani, Najat Vallaud-Belkacem et tant d’autres sur un 1,5 million de Marocains qui vivent en France.

N’oublions pas par ailleurs que Marrakech et le Maroc restent la destination préférée des Français, devant l’Espagne ! C’est 3,5 millions à 4 millions de touristes par an. Vous voyez, d’un côté comme de l’autre, nous nous retrouvons. Même si dans la population marocaine la France a perdu de son influence, de son aura, le lien est sans doute plus fort avec l’élite intellectuelle qu’avec les classes populaires qui se tournent vers d’autres pays.

Mais cela n’empêche pas des liens économiques très serrés. Il y a près d’un millier de filiales d’entreprises françaises installées au Maroc, presque toutes les entreprises du CAC 40 sont représentées. On est le premier investisseur étranger…

Il n’y a pas eu cette rupture comme il y a eu avec l’Algérie

Alba Ventura

Mais nous sommes également liés historiquement. Le Maroc a été un protectorat français, pas une colonie. Et lorsque les Français sont partis en 1956, au moment de l’Indépendance, ça ne s’est pas fait de manière brutale, mais au contraire de façon apaisée. Il n’y a pas eu cette rupture comme il y a eu avec l’Algérie. Pendant des décennies, il n’y a pas eu un nuage dans les relations entre dirigeants français et marocains. C’est ce qui fait que nos deux pays travaillent main dans la main.

On parlait des liens économiques, mais le Maroc est aussi un partenaire sur le plan sécuritaire. C’est un pays qui nous aide en matière de renseignements, un pays qui a envoyé des agents dans les banlieues françaises et qui a travaillé étroitement avec les renseignements français au moment des attentats de 2015. Vous voyez, où que l’on regarde, on se retrouve avec ce formidable pays, avec ce pays ami. Et nous avons des liens historiques.