ÉDITO - "En politique, il est très imprudent de couper les ponts avec ses ex", estime Étienne Gernelle

En amour, il y a deux écoles : ceux qui revoient leurs ex et ceux qui coupent tous les ponts. En amour, chacun fait ce qu’il veut, mais en politique, clairement, il est très imprudent de couper les ponts, car les ex ne disparaissent jamais vraiment. 

Le week-end dernier, nos deux ex-présidents vivants se sont produits sur scène et ont fait salle comble. Nicolas Sarkozy, à Saint-Raphaël, devant un public acquis, lors des Rencontres de l’avenir. François Hollande, lors de la foire du livre de Brive-la-Gaillarde, et le Théâtre de Brive était plein, je peux en témoigner, puisque c’est moi qui l’interviewais sur scène. Certes lui aussi était en terrain conquis, puisque c’est en Corrèze.

Si les gens viennent les écouter, c'est parce que c’est intéressant, ils ont des choses à raconter. Par exemple, Hollande a parlé samedi à Brive de Vladimir Poutine et Elon Musk, qu’il a rencontrés. Et il disait d’ailleurs que ce sont les deux personnages qui l’ont le plus terrifié.

Sarkozy et Hollande peuvent-ils revenir ?

Il y a des gens qui ricanent, mais l’actualité a de quoi encourager nos deux ex-présidents à revenir. Regardez Donald Trump, c’est un ex ! Même chez nous, Michel Barnier était jusqu’à peu, au sens littéral, un "has been", puisqu’il n’avait plus de mandat. Je ne mettrai pas nos deux anciens présidents sur le même plan. Sarkozy a été battu, Hollande ne s’est pas représenté.

Sarkozy a essayé de revenir à l’Élysée, mais a terminé troisième de primaire de droite en 2016. Et puis il est encore empêtré dans des procédures judiciaires. Hollande, lui, est revenu en politique, puisqu’il vient d’être élu député. Sur le fond, le fait de remplir des salles et de vendre des livres ne fait pas un avenir politique, mais cela dit quand même une chose : se méfier de ceux qui pensent que le monde a commencé ce matin.

La roue tourne, c’est normal. Le vieux monde a ses torts, et le fait qu’il demeure dans le débat politique permet d’ailleurs de lui faire des reproches, et c’est bien. Disons qu’il y a autant d’arrogance à proclamer que le temps des autres est révolu qu’il y en a à prétendre que le sien est venu.