ÉDITO - "Emmanuel Macron est quand même une sacrée bête de scène", estime Alba Ventura

Le président Emmanuel Macron était l'invité de l'émission C à vous sur France 5 le 20 décembre, en plein tempête politique sur la loi immigration. Le Président, c’est quand même une sacrée bête de scène !

On est à la fin d’une semaine cataclysmique pour le gouvernement, pour la majorité, 1 député sur 4 n’a pas voulu soutenir ce texte, un ministre a démissionné... Et Emmanuel Macron vous explique pendant un quart d'heure que c’est lui qui a raison, qu’il fallait pousser jusqu’au bout le compromis avec les LR, que le processus législatif a fait son œuvre, que le Conseil Constitutionnel dira ce qui va ou ne va pas. 

Et qu’il est faux de croire que c’est une victoire idéologique du RN, au contraire, c’est le RN qui a subi une défaite. Il n’a pas l’ombre d’un doute, c’est assez fort. Je pense qu’il n’a jamais cessé de douter, mais il ne l’a jamais dit. 

"J'assume"

Une des forces du président Macron, c’est de vous expliquer, après la tempête, que tout ce qui s’est passé, il l’avait presque calculé, il l’avait quasiment prévu. Vous avez remarqué, il dit toujours : "J’assume". C’est son mantra. Il l’avait déjà dit au moment des retraites, (vous me direz, c’est une formule assez courante chez les politiques). 

"J’assume", c’est toujours dit après la déflagration pour minimiser l’affaire. "J’assume", il faut l’entendre comme : "Point final, sujet suivant". Le sujet de la loi immigration est-il balayé ? Pour Emmanuel Macron, cette haie a été franchie. D’autant que les sondages sont en faveur de cette loi, la toute dernière enquête Elabe montre que 7 Français sur 10 sont satisfaits du vote sur la loi immigration, quel que soit leur âge et même les électeurs de gauche ne sont pas effarouchés.

Le péché originel d’Emmanuel Macron est de ne pas avoir fait campagne

Alba Ventura

Bon, ce n’est pas parce que les sondages plébiscitent cette loi, que c’est un satisfecit pour Emmanuel Macron. C’est pour ça que le président va devoir nous dire ce qu’il fait pendant 3 ans et demi. Hier soir il a dit : "Je n’ai pas fini le travail".

Quel travail ? Quels chantiers ? Quelles priorités ? La fin de vie ? La transition écologique ? L'éducation ? La santé ? La sécurité ? Et avec qui ? Alors que sa majorité relative ne tient plus qu’à un fil. Le péché originel d’Emmanuel Macron est de ne pas avoir fait campagne, de ne pas avoir donné de cap.

Il y a donc toujours ce sentiment que l’on ne sait pas où l’on va, que ce qui était promis, n’a plus rien à voir avec ce que l’on trouve à l’arrivée. Il faudra, pour janvier, puisque le président a donné rendez-vous aux Français, en finir avec cette inconséquence.