ÉDITO - Elon Musk : "Lui coller une étiquette de réactionnaire est simpliste", prévient Étienne Gernelle

L’Américain qui fait le plus parler de lui en ce moment n’est pas Donald Trump, mais son futur ministre, le milliardaire et patron de Tesla Elon Musk, que certains voient comme un diable. 

Elon Musk est indéfendable sur beaucoup de sujets, entre ses propos complotistes, ses insultes envers les dirigeants britanniques ou allemands, son soutien à des personnalités d’extrême droite en Europe, et des outrances en tout genre, mais attention aux étiquettes faciles. Mais le procès d'Elon Musk ne risque-t-il pas de cacher nos vrais problèmes ?

Idéologiquement, Elon Musk est un libertarien, voire un anarcho-libertarien. C'est-à-dire qu’il est pour la réduction à peu de choses du rôle de l’État. Et une liberté d’expression maximale. Lui coller une étiquette de réactionnaire, voire d’extrême droite comme le font certains, est au minimum simpliste.

La liberté d'expression

On a fait d’Elon Musk le grand satan qui permettait à des flots de désinformation de se déverser sur X, alors c’est en partie vrai, mais attention, la modération des contenus que pratiquait jusqu’ici Meta (Facebook, Instagram), sous la houlette d’une "cour suprême" privée tout sauf transparente, n’était pas forcément non plus très rassurante.

En général, c’est un équilibre délicat, la liberté d’expression, et la lutte contre désinformation. Un peu de prudence en la matière ne nuit pas. Mais je vais vous dire, ce qui est gênant, avec les polémiques autour d’Elon Musk, ce n’est pas tellement sur le fond, c’est le débat, c’est surtout que cela masque un autre débat : celui de nos failles et nos renoncements à nous Européens.

Une longueur d'avance

Elon Musk fait des fusées réutilisables, il a écrasé les Européens dans le secteur spatial. Son réseau de satellites Starlink joue un rôle clef dans la guerre Ukraine. Sans compter les robots humanoïdes, l’IA, aussi, et bien sûr Tesla : la voiture électrique, c’est un enjeu écologique majeur.

Ce qu’Elon Musk incarne aussi, c’est ce que disait l’ancien patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi dans son rapport en septembre, le décrochage européen dans l’innovation de rupture. Répondre aux délires et outrances d’Elon Musk, bien sûr, mais si cela détourne trop l’attention d’une réalité gênante, attention aux désillusions.