Alors que les obsèques de Dominique Bernard seront célébrées, ce jeudi 19 octobre, en la cathédrale d'Arras, j'ai été marquée ces jours-ci par les paroles fortes de la sœur de Samuel Paty, autre professeur victime de la mouvance islamiste à l'école.
Il faut que l'Éducation nationale se réveille. C'est vital. Mickaëlle Paty a été implacable dans ses propos, elle était auditionnée le 17 octobre au Sénat. Elle a d’ailleurs dédié son audition "à celui qu’on n’a pas su sauver", en ajoutant : "Si la mort de mon frère avait servi à quelque chose peut-être que Dominique Bernard serait encore là".
Ce sont des mots qui font mal, qui accusent : le laisser-aller, le laisser-faire de l’Institution, de l’Éducation nationale, l’autocensure, le "pas de vague". Elle en a sous le pied des preuves, des failles. Tous ces profs qui se retrouvent seuls face à des jeunes qui les défient, qui les challengent, qui leur dénient le droit de délivrer leurs cours d’histoire, de philo ou de français.
L’École s’est fait déborder par manque d’autorité, de sanctions, d’exclusions. Alors le nouveau ministre Gabriel Attal semble vouloir serrer la vis, mais il est au pied de la montagne et c’est toute une hiérarchie qui doit se remettre en question.
Dans quelques jours à Arras, et ailleurs, dans les collèges et les lycées, la vie va reprendre son cours, mais on se demande si l’école redeviendra un sanctuaire. Parce qu’on a trop longtemps fermé les yeux.
C'est le "laxisme" qui fait que certains n’ont plus de limite. Certains dont l’idéologie consiste à piétiner nos valeurs, à mettre à mal nos libertés. Attention, je ne suis pas en train de dire que le gamin qui prend un fou rire pendant une minute de silence va devenir un terroriste.
L’école, c’est le réceptacle de la société
Mais envers le gamin qui s’est permis de salir la mémoire d’un professeur, il doit y avoir zéro tolérance et pas seulement parce que, comme l’a dit très justement Mickaelle Paty, "des sanctions qui ne débouchent sur rien développent un sentiment d’impunité et entraine récidive ou vengeance".
Alors bien évidemment, l’école ne peut pas tout, et l’école n’est pas une île. L’école, c’est le réceptacle de la société, c’est donc aussi dans les familles que ça se passe dans les quartiers. L’autorité, ce n’est pas qu’un sujet de discipline, de fermeté. L’autorité, c’est aussi une question d’instruction, de savoir, de connaissance.
Il y a d’autres paroles qui m’ont marquée cette semaine. J’ai lu les dernières confidences de Dominique Bernard à l’un de ses amis, professeur comme lui, tout juste avant d’être la cible du terroriste d’Arras. Ils s’étaient croisés dans les couloirs avant d’aller rejoindre leurs classes. "L’ignorance le préoccupait", c’est ce qu’il avait confié.
L’ignorance entraine l’obscurantisme et on voit où cela mène. Dominique Bernard en faisait un combat. Sa mère et sa sœur racontent comment il essayait de décrocher les élèves de leurs écrans, combien il déplorait qu’ils ne lisent plus et combien il était heureux lorsqu’il avait réussi à faire lire ne serait-ce qu’un livre à l’un de ses élèves.
Ce dernier échange que Dominique Bernard a eu avec son collègue, son ami, laisse un drôle de goût. Il exprimait son pessimisme, sa difficulté à enseigner la littérature, à transmettre, le manque d’attrait pour la culture, le manque d’attention en classe. "C’est de pire en pire", avait-il dit ce jour-là. "On court à la catastrophe". Ça aussi, c'est la responsabilité de l’Éducation nationale et des familles.
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