Charles Pasqua, qui est décédé lundi 29 juin à l'âge de 88 ans, c'était plus de 50 ans de vie politique. C'était un homme à deux visages, et sans doute plus que cela, dit Alba Ventura qui l'avait rencontré il y a une quinzaine d'années dans son bureau de Neuilly-sur-Seine, en tête à tête. Il y avait ce mélange de personnage à la Pagnol et d'homme de combine.
"Je peux vous dire que quand on est jeune journaliste, on est impressionné de voir Charles Pasqua", raconte la journaliste. "Qu'est-ce qu'elle veut la demoiselle ?" Dans cette question, il y avait tout à la fois le côté paternaliste, sympathique, avec cet accent méridional qui partait souvent en fin de phrase dans les aigus et qui rendait son propos souvent drôle, et en même temps ce sentiment étrange, avec ce regard mi-malicieux mi-sulfureux qui vous faisait penser qu'il avait sous les yeux votre fiche des RG et un dossier complet sur vous, qu'il avait fait sortir avant l'entretien.
Il y a un aspect de sa vie qui n'a pas souvent été mis en avant, c'est son engagement dans la Résistance. Il ne faut pas oublier qu'il n'a que 15 ans lorsqu'il s'engage. Il est tout jeune adolescent lorsqu'il décide de rejoindre la France Libre de Charles de Gaulle. De son admiration pour le Général, on retiendra surtout la création du Service d'action civique (SAC), cette police privée faite d'hommes dévoués au service de de Gaulle, qui a donné à Pasqua la réputation d'homme des basses œuvres.
En fait, toute la vie de Charles Pasqua aura été faite d'ambiguïtés et de controverses. C'est à la fois le "premier flic de France" protecteur qui s’accommode des truands et des escrocs de tout poil. C'est l'arrestation du terroriste Carlos et la libération des otages retenus par le GIA à l'aéroport de Marseille.
Charles Pasqua était un homme de coups et un homme de réseaux
Alba Ventura
C'est aussi l'intervention à la maternelle de Neuilly, même si c'est surtout Nicolas Sarkozy que l'on voit sur toutes les images de télévision. Mais c'est aussi l'homme de la répression des manifestations contre la loi Devaquet, qui resteront marquées par la mort de Malik Oussekine.
C'est le chiraquien, devenu balladurien, qui flirtera avec le Front national avant de s'afficher souverainiste avec Philippe Séguin.
C'était un homme de coups, un homme de réseaux (corse et africain) qui lui aura donné l'image de l'affairiste, sans foi ni loi, qui aura terminé sa vie à se défendre devant la justice pendant plus de dix ans. Ces affaires à propos desquelles il disait "avoir de quoi faire tomber la République". Tout cela restera un secret bien gardé....
Charles Pasqua avait un sens aigu de la formule. Certaines sont restées célèbres. "Il faut terroriser les terroristes" : cette expression avait fait mouche. Elle a été souvent reprise. Il faut se souvenir qu'à l'époque, on est dans climat de violence terroriste. Il y a eu trois attentats à Paris. Cela donnera lieu aux "lois Pasqua", mais cela n'empêchera pas d'autres attentats, et notamment celui très sanglant devant le magasin Tati de la rue de Rennes à Paris.
Ceux qui le connaissent bien se souviennent d'un homme qui avait toujours coutume de dire après une discussion avec son interlocuteur : "Je m'en charge". Ce qui en dit long sur la manière dont il allait régler l'affaire.
Il avait l'élégance de ne pas dire des mots trop crus devant les femmes
Alba Ventura
Dans la bouche de Charles Pasqua, on se souviendra aussi de cette expression : "Les promesses électorales n'engagent que ceux qui les reçoivent", même s'il n'en est pas l'initiateur. On se souviendra aussi de celle-ci : "Nous avons commis la plus belle escroquerie du siècle : nous avons fait croire aux Français que nous étions de droite".
Alba Ventura dit avoir toujours en tête ce langage fleuri qui caractérisait tant Charles Pasqua. Il avait l'élégance de ne pas dire des mots trop crus devant les femmes. Elle se souvient de cette élégante discussion entre Pasqua et Séguin sur les investitures en 1998. Avec un Séguin qui demande à Pasqua : "Qu'est-ce qu'on fait pour les gonzesses ?". Réponse de Pasqua : "C'est simple, toutes les femmes qui veulent avoir l'investiture doivent être baisables".
C'est pas joli, joli. Mais on lui pardonne, maintenant qu'il n'est plus là.
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