Des "pratiques inacceptables" : voilà comment François Hollande a réagi à l'espionnage des services secrets américains qui ont écouté pendant des années nos présidents. "Inacceptable" : est-ce à la hauteur de ce qui s'est passé ? Commençons par un petit cours de riposte verbale en matière diplomatique. "Inacceptable", c'est un peu plus fort que "désapprobation", qui est un terme un peu plus tiède. Mais "inacceptable" c'est un peu moins dur que "indignation", qui est plus chaud.
C'est gradué. En général d'abord on désapprouve, puis on trouve inacceptable, et enfin on s'indigne. Tous les mots sont pesés. Tout le monde sait que c'est le jeu. Vous avez remarqué que Nicolas Sarkozy aussi a dit que c'était "inacceptable". Il connait les codes. Il a été président. Tout ça, c'est de l'habillage. De l'habillage pour le grand public.
On est obligé, de manière "outragée", de manifester notre mécontentement On le met en scène d'ailleurs. On organise sur le champ un conseil de défense. On annonce que l'on va convoquer l'ambassadrice américaine à Paris et que l'on va téléphoner à Barack Obama. Ce sont les grands classiques de la scénographie diplomatique. C'est pour la galerie. C'est l'habillage de la riposte.
Il n'y a pas d'autre riposte possible. On ne va pas déclarer la guerre à Barack Obama ! Ce n'est pas une affaire d'État, c'est une affaire entre États, entre alliés. On peut bien se rappeler des "codes de bonne conduite", comme le dit Manuel Valls. Mais on ne va pas non plus faire semblant de découvrir que les Américains nous écoutent, comme ils ont écouté les allemands. Un ancien collaborateur de François Hollande le confie : nous espionnons, nous aussi. L'ambassadeur de France aux États-Unis a tweeté "Tout dirigeant, tout diplomate, tout leader, sait qu'il est écouté".
Il y a des échanges de renseignements en permanence. Les Britanniques coopèrent avec les services secrets français. Les Américains, qui ont les plus gros moyens, nous ont aidé à construire notre système de surveillance, comme nous avons aidé les Allemands….
Vous savez, nous sommes dans l'ère de l'après-11 septembre, à l'heure de la lutte anti-terroriste, de Daesch. Les révélations de Mediapart et de Libération ne sont pas agréables, mais elles ne sont pas de nature à provoquer un conflit. Donc ça n'ira pas au-delà.
Ce n'est pas grave en soi, mais c'est quand même un rappel sérieux. Quand on est au pouvoir, on utilise un téléphone crypté. On n'utilise pas son téléphone privé.
Sachez bien que François Hollande, comme ses prédécesseurs, pour toutes les affaires ultra-sensibles, utilise son téléphone crypté. Cela a été le cas lorsqu'il s'est agi de la libération des otages et de l'intervention au Mali notamment. Ce qui parait plus grave dans ces affaires d'espionnage, c'est que nos entreprises sont très mal protégées.
Souvenez-vous dans l'affaire allemande, lorsqu'on a appris que le portable d'Angela Merkel avait été écouté par les Américains. Ce n'était pas bien, c'était immoral, tout ce qu'on veut. Mais on a surtout appris à ce moment-là que les services secrets allemands avaient espionné des firmes françaises comme Dassault ou Airbus (une entreprise franco-allemande! ) pour le compte de la NSA. Cela n'a peut-être pas remis en cause l'amitié franco-allemande, mais ça a montré combien ces entreprises pouvaient être vulnérables.
Quand on sait que la guerre est bien plus économique que politique, cette affaire d'écoutes vient surtout rappeler que nos entreprises ont intérêt à se protéger, à monter la garde.
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