La colère ne faiblit pas chez les syndicats depuis vendredi 23 décembre, après l'annonce par le gouvernement d'un projet de décret visant à réformer à nouveau l'assurance chômage. Cette modification prévoit une réduction de 40% de la durée d'indemnité si le taux de chômage passe sous la barre des 6%.
Pour en débattre, Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine, et Denis Gravouil, responsable emploi et chômage à la CGT étaient invités sur RTL, ce mardi 27 décembre. Le responsable syndical dénonce tout d'abord le fond de la réforme portée par le gouvernement : "réduire de plusieurs mois l'indemnisation des chômeurs, c'est vraiment les renvoyer vers la pauvreté et le RSA très vite." L'annonce du vendredi 23 décembre a été une nouvelle mauvaise surprise pour Denis Gravouil.
"La CGT a boycotté une grande partie de ce cycle de négociation" rétorque Xavier Iacovelli. Pour le sénateur de la majorité, "l'annonce de la diminution de 40% de la durée d'indemnité a bien été annoncée le 21 novembre en présence de la CGT, et confirmée le lendemain en conférence de presse." Denis Gravouil s'insurge : "C'est quand même fou de mentir comme ça à l'antenne." Pour lui, "l'annonce a été évoquée dans une interview", mais pas devant les syndicats, et pour une application possible "fin 2023, si le chômage est en dessous de 5%."
Un article paru le 21 novembre dans Le Parisien, reprenant les propos du ministre du Travail Olivier Dussopt, relaye effectivement une annonce de sa part d'une baisse de 40% de la durée d'indemnité. Cette diminution est prévue dans le cas où "le taux de chômage atteint les 5%" a précisé le ministre dans cet article, un plancher qui a été revu à la hausse dans l'annonce gouvernementale du 23 décembre, pour atteindre 6%.
Xavier Iacovelli poursuit, en défendant le bien-fondé de la réforme du gouvernement : "Nous avons aujourd'hui 400.000 postes vacants, nous avons plus de 7% de chômeurs, donc on voit bien qu'il faut trouver une solution pour remettre les Français au travail." Il ajoute : "si on baisse la durée de l'indemnité, c'est parce que l'on constate que dans les trois premiers mois, on a un taux d'employabilité et de retour à l'emploi qui est beaucoup plus fort."
Denis Gravouil marque son désaccord complet : pour lui, cette réforme "est un véritable saccage de l'assurance chômage. Ça ne va créer aucun emploi, c'est pour faire des économies sur le dos des chômeurs. " Il prévoit des conséquences négatives à cette réforme : "C'est incroyable que la priorité du gouvernement soit d'enfoncer les gens dans la pauvreté, puisqu'il y a aussi une réforme du RSA qui est prévue."