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Alba Ventura : "Un MoDem 'façon puzzle' aux municipales"
CHRONIQUE - Allié aux écolos ici, à la gauche là, ailleurs au centre-droit ou à l'UMP : pour les municipales, le MoDem c'est le centre à géométrie variable.
François Bayrou a créé le MoDem pour lui-même
Crédit : AFP / Martin Bureau
Pour les municipales, on a beaucoup parlé des dissidences à droite à Paris ou de lanouvelle liste qui agace les socialistes à Marseille. Mais c'est à un tout autre défi qu'il faut répondre aujourd'hui : pour qui roule le MoDem dans ce scrutin ?
Un MoDem à géométrie variable
Le leader des centristes François Bayrou, on sait pour qui il roule : pour lui, à Pau, avec le soutien de l'UMP. Pour ce qui est du reste, c'est quand même spectaculaire. C'est même une histoire à s'arracher les cheveux. C'est le MoDem à géographie variable.
Il y a bien sûr les alliances naturelles avec l'UDI de Jean-Louis Borloo, comme à Aulnay-sous-Bois par exemple. Il y aura aussi des listes de droite (MoDem - UDI - UMP), comme cela s'est fait ces jours-ci à Nancy. Mais il y a aussi des cas de figure où le MoDem sera contre l'UDI, comme à Grenoble ou au Mans. Ca va être drôle au deuxième tour.
A Lille, le MoDem est avec le PS de Martine Aubry (ça, c'est une vieille histoire), tout comme à Dijon. Mais à Beaune, à 35 kilomètres de Dijon, le MoDem est avec l'UMP. À Concarneau, le MoDem est avec les écolos, et à Aubagne, avec les communistes. À Marseille, une partie du MoDem est tentée par Pape Diouf, l'autre, par Jean-Claude Gaudin. Sacrée bouillabaisse !
Un parti sans identité politique
François Bayrou a pourtant signé, donc avec la droite. Mais cela vaut en fait pour les européennes. Tous ces ces cousins du MoDem vous expliqueront que les municipales, ce n'est pas la même limonade. C'est une question de "singularité locale", qu'aux municipales il s'agit plus d'une histoire de compagnonnage que de partis politiques. Enfin, on s'allie aussi avec celui qui peut vous faire élire.
On comprend mieux ce qu'est le MoDem quand on regarde les municipales. C'est un parti hétéroclite, un immense patchwork, qui s'est constitué en fonction des retournements de Bayrou. Une fois au centre, une fois à droite, puis de nouveau au centre, écolo-compatible, et puis à gauche, et retour à droite. C'est un parti qui a un chef, mais qui manque cruellement d'identité politique.
Au fond, le MoDem c'est un parti radical à l'ancienne : pas révolutionnaire, mais "rad-soc". On disait familièrement "les radis" : rouges à l'extérieur et blancs à l’intérieur. Bayrou a simplement inventé de nouvelles variétés. Après les radicaux rouges et les radicaux blancs, les radicaux vert, les radicaux libres...
Une grenouille reste une grenouille
En fait, le MoDem a surtout été un parti à usage unique. Il a été créé par Bayrou pour lui permettre d'avoir un trésor de guerre pour être présent à la présidentielle. Ça a rassemblé des tas de gens très différents. Maintenant que ça a échoué, on le retrouve éclaté un peu partout, "façon puzzle".
Finalement, François Bayrou avait raison quand il disait pour se moquer de ses rivaux du centre : "Rassembler les centristes, c'est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : elles passent leur temps à sauter pour trouver mieux ailleurs".
L'ennui, c'est que François Bayrou nous avait promis autre chose. Le centre, c'était l'indépendance, pas les alliances. Il rêvait d'un MoDem fort, pas d'un parti qui "mange à tous les râteliers". Mais une grenouille, quoi qu'on en dise, ça reste une grenouille !
