Le référendum sur l'immigration en Suisse a fait des émules en France lundi 10 février. Alors que le gouvernement se disait hostile à tout quota d'immigrés, François Fillon s'est déclaré favorable à une limitation de l'immigration.
Il ne l'a pourtant pas fait quand il était premier ministre. Ce qui est drôle, c'est que c'était l'un des slogans de campagne de Nicolas Sarkozy pour 2007. Est-ce qu'il l'a fait avec son premier ministre ? Non !
On a certes reconduit plus de sans-papier à la frontière. On a un créé un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. Mais ça, c'est de la politique, du slogan, de l'affichage. Sur le fond, la politique migratoire de la France n'a pas été plus restrictive. Elle est restée la même - de droite comme de gauche - depuis les années 70, et la création par Giscard du fameux "regroupement familial".
Donc quand François Fillon ou Jean-François Copé montent au créneau à nouveau sur "l'immigration choisie", ça a un petit air de déjà entendu, mais aussi de course à l'échalote avec le Front national à quelques encablures des élections.
La gauche n'est pas plus claire sur ce sujet. Quand Manuel Valls parle de "chiffres" de reconduites a la frontière, il est montré du doigt dans sa propre famille politique. Pour une bonne raison : il mène exactement la même politique que celle que menait la droite. Les chiffres, franchement, sont à touche-touche: 30.000, contre 27.000 reconduites par an. Là-dessus, rien n'a changé.
Même tollé quand il évoque le cas des Roms , ou lorsqu'il propose de réfléchir au principe du regroupement familial. Rappelez-vous la bordée d'injures. Les Verts l'avaient accusé de mettre en danger le pacte républicain.
La réalité, c'est que la gauche est très fracturée sur ces questions. Une partie refuse absolument d'affronter ces sujets, parce que ce ne sont pas ses valeurs. Non, c'est la fraternité, les droits de l'homme, la solidarité. Ça se marie assez mal avec la brutalité d'une expulsion.
À gauche, il y a ceux qui savent qu'il faut bouger sur ces questions, parce que la réalité mérite un examen approfondi sérieux. Ensuite, il y a toute cette partie qui ne veut pas renoncer à ce qu'elle était : idéaliste, généreuse, accueillante. Tout ça, par exemple, a explosé au moment de l'affaire Leonarda. Pas question donc de rallumer la mèche.
La gauche préfère parler d'intégration. C'est un hasard si justement cet après-midi le Premier ministre réunit son gouvernement en séminaire sur l'intégration. Mais c'est un hasard qui en dit long, parce que ce débat-là, la gauche peut se le payer, parce que c'est assumé par la gauche.
Ce n'est pas un hasard non plus si la droite crie au loup sur la politique que la gauche s'apprête à mener. On est toujours dans le jeu de rôle politique. Mais comment voulez-vous réussir l'intégration quand vous avez échoué face à l'immigration. C'est le serpent qui se mord la queue.
Vous savez ce font les Anglais ? Ils réfléchissent ensemble, gauche et droite. Les travaillistes et les conservateurs se retrouvent dans des groupes de réflexion communs pour penser la politique migratoire. Ils ne sont pas forcément d'accord sur les solutions. Par exemple, quand David Cameron - la droite - revient sur la prise en charge des étrangers aux urgences, les travaillistes sont assez sceptiques. Mais au moins, il y a un débat technique, pas idéologique.
C'est ce débat qu'il faudra avoir un jour en France si on veut sortir des fantasmes qui entourent ces sujets. C'est ce débat qui nous manque cruellement aujourd'hui.
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