Alba Ventura : "Montebourg doit dire qui finance ses chères études"

Arnaud Montebourg a fait lundi 3 novembre sa rentrée des classes pour quatre semaines à l'Insead, grande école de commerce basée à Fontainebleau. On a découvert que ses études étaient financées par une bourse d'entreprise.

Dans un premier temps, on se dit cette histoire d'entreprises qui payent les études de l'ancien ministre de l'Économie c'est quand même un sacré pied de nez. Ce sont les entreprises à qui il a fait la leçon, qui vont lui payer des cours de rattrapage. C'est une grande première.

Transparence

Passée cette réflexion qui fait sourire, on se pose des questions. On se dit : "Mais au fait, qui sont ces entreprises qui payent cette bourse d'étude ?". À 34.500 euros hors taxes pour quatre semaines, ce sont les études les plus chères de France. Le problème n'est pas là. Après tout, c'est le summum en terme d'école de commerce. On sait que pour ce genre d'école, il faut débourser beaucoup d'argent.

Arnaud Montebourg a tenu immédiatement à nous rassurer en nous précisant que sa bourse n'était pas financée par des fonds publics (heureusement !) et qu'il avait lui même mis la main à la poche grâce à ses petites économies. Mais quelles entreprises paient le reste de la bourse ? Pourquoi l'ancien ministre ne nous dit-il pas qui finance ses études ?

Pour mettre fin à toute polémique, le plus simple serait qu'il le dise en toute transparence. Il ne faudrait pas qu'on apprenne qu'une entreprise pour laquelle il a pris une décision favorable en tant que ministre de l'Économie, le remercie en lui payant une partie de ses chères études. C'est une forme de conflit d'intérêts. Ce serait quand même très embêtant, pour ne pas dire scandaleux.

Les bœufs après la charrue

Quel est l'intérêt pour Arnaud Montebourg de reprendre ses études ? C'est encore un de ces coups de com' dont il  a le secret. C'est une manière de nous dire : "Regardez comme je suis humble. Moi qui ai dirigé l'économie de ce pays, je retourne à l'école". C'est vrai qu'on a toujours à apprendre. Mais on ne peut pas dire qu'Arnaud Montebourg ait brillé par sa modestie.

Il y a aussi quelque chose de décalé : un ancien ministre des entreprises qui veut comprendre comment fonctionne une entreprise. C'est comme si Bill Gates allait prendre des cours d'informatique, ou si Barack Obama faisait un cursus de relations internationales. C'est, disons, les bœufs après la charrue. C'est étrange. On est quand même le seul pays où un ministre va étudier le monde qu'il a dirigé après avoir quitté ses fonctions.
Tout cela dit qu'en France, on ne fait pas de l'économie, on fait surtout de la politique. Arnaud Montebourg a d'abord été nommé pour son poids politique et pour ce qu'il représentait. Rappelez-vous qu'il a fait 17% à la primaire socialiste. Le poids politique, c'est souvent le critère.

En France, on ne fait pas de l'économie, on fait surtout de la politique

Alba Ventura

Ce n'est pas toujours le cas. Christine Lagarde a été nommée par ce qu'elle était avocate en droit des affaires (et aussi parce qu'elle était une femme) ; Thierry Breton et Françis Mer, parce qu'ils étaient des dirigeants d'entreprise. Bon, ce n'était pas un gage de réussite.
Ce qui est frappant dans le cas de Montebourg, c'est que lui ne connaissait rien à l'économie, aucune expertise. Il n'avait que sa bonne volonté, son audace et son toupet. En période de crise, l'économie est une chose trop sérieuse pour la laisser à la seule politique.