Alba Ventura : "Alain Juppé défend les bourses au mérite"

Le samedi 1er novembre, Alain Juppé a officiellement pris parti pour la bourse au mérite. Le maire UMP de Bordeaux a posté une vidéo sur Youtube dans laquelle il affirme son soutien au collectif "Touche pas à ma bourse, je la mérite", qui milite pour le retour de cette aide, supprimée par le gouvernement en juillet et en en sursis depuis le 17 octobre.

Ce n'est pas étonnant qu'Alain Juppé ait été le premier à signer cette pétition. Il est un pur produit de la méritocratie et de l'école républicaine, comme François Bayrou ou Jean Jaurès. S'il n'y avait pas eu dans leur cursus scolaire, des instituteurs et des professeurs pour repérer leur talent, les pousser dans leurs études, bref si leur mérite n'avait pas été détecté, reconnu et encouragé, ils ne seraient peut-être pas devenus ce qu'ils sont devenus.

La méritocratie, ça parle à Juppé

La méritocratie, ça parle à Alain Juppé. Il est issu d'un milieu modeste, mais pas pauvre du tout. Son père était exploitant agricole dans les Landes. Sans cette notion de mérite, il n'aurait pas remporté des prix en latin et en grec qu'il a obtenus au lycée, et qui l'ont conduit à faire ensuite de brillantes études.

Ces bourses, qui sont attribuées à des bacheliers - d'origine modeste, futurs boursiers, qui ont obtenu mention Très Bien au bac... -, ont un sens. Elles sont un symbole très fort. La méritocratie, ce n'est pas un gros mot.

Il est idiot de supprimer les bourses au mérite

Alba Ventura

Ces bourses créent de l'égalité. Elles signifient qu'au mérite, à un moment, tout le monde peut y arriver. Pour rappel, la part des ouvriers et des employés chez les députés français est de 2% (il y en a un sur deux dans la population active). Cela pose quand même un problème de représentativité. Cela veut surtout dire que lorsque l'on est ouvrier ou employé, on n'a pas vraiment accès au Parlement.

C'est donc important qu'il y ait des passerelles à travers l'école, comme ces bourses au mérite, qui permettent de grimper, de pouvoir s’élever ou, en tout cas, qui vous facilitent le chemin sans que vous soyez freiné par vos origines sociales. C'est vrai que le fameux "ascenseur social" est bloqué. C'est pour cela qu'il faut en faire plus, surtout dans une société où le chômage des jeunes est gravement atteint, et où l'apprentissage (des jeunes) est à la peine. C'est pour cela qu'il est  idiot de supprimer les bourses au mérite.

Valoriser le travail et les efforts, ce n'est pas rétrograde

Il y a un vrai débat entre gauche et droite sur ce sujet. La gauche est persuadée que mettre tout le monde à égalité, permet à un maximum d'élèves de réussir. Rien ne le prouve. À droite, on pense qu'il faut tendre la main aux élèves méritants. Souvenez- vous des internats d'excellence crées par Nicolas Sarkozy, qui voulait favoriser les élèves en difficulté des milieux populaires.

Le chouchou, c'est le moins bon qui a fait des efforts et qui a réussi à se dépasser

Alba Ventura

C'est important de valoriser le travail et les efforts. Ce n'est pas rétrograde de dire cela. Vous vous souvenez-vous des images à l'école ? Tout le monde voulait à un moment rapporter une image. Cela vous procurait un grande fierté. Cela récompensait la bonne note et aussi la bonne attitude.

C'est comme ce prof de maths qui a raconté dans les médias qu'il n'avait pas honte de dire qu'il avait des chouchous. Attention, le chouchou ce n'est pas seulement le meilleur, le plus brillant, celui qui a décroché un 20 sur 20. Le chouchou, c'est aussi celui qui le mérite. C'est le moins bon qui a fait des efforts, qui a réussi à se dépasser et à faire de son mieux. À quand une prime au mérite pour ce professeur ? Cela vaut bien un débat !