Revoilà le débat sur l'avortement ! Quarante ans après la loi Veil, des députés socialistes veulent modifier le texte en supprimant la notion de "détresse". Les opposants ont défilé dimanche. Ils dénoncent une "banalisation de l'avortement". Pourquoi ce débat est-il devenu si politique ? Bonne question ! Car jamais aucun médecin ne demande à une femme si elle est en situation de détresse.
A l'époque, avant la loi Veil, il fallait effectivement répondre à une "détresse", parce que la contraception n'était pas encore très répandue. On se retrouvait avec des jeunes femmes ou des jeunes filles qui se mettaient en danger elles-mêmes, ou que l'on mettait en danger, en essayant d'avorter avec des aiguilles à tricoter ou des cintres. Voilà pourquoi c'était une question d'urgence.
A partir du moment où cela a été légalisé, l'avortement est devenu un droit. Dans les faits, l'IVG n'est pas du tout une dérogation. C'est un droit, détresse ou pas détresse. Il s'applique depuis des années dans l'indifférence. On voit donc bien que cette notion de "détresse" ne gênait personne.
C'est vrai que le gouvernement espagnol, de droite, envisage de restreindre l'avortement. Mais le texte n'est pas encore passé au parlement. On ne va donc pas appliquer le principe de précaution aux lois françaises sous prétexte que les Espagnols pourraient remettre en cause l'IVG.
Si l'idée c'est d'anticiper par rapport aux Espagnols, c'est ridicule. Le seul résultat de ce battage, c'est que les pro-IVG ont redonné de la visibilité aux anti-IVG. Ça les a ranimés. D'autant qu'ils sont bien organisés depuis le "mariage pour tous".
En sortant le débat du tiroir, on a eu droit à quoi ? Aux déclarations des pires rétrogrades, de tous ces odieux personnages capables de dire que les femmes qui se font avorter sont des assassins d'enfants. Tous ces extrémistes que l'on entendait, dans la manifestation du week-end dernier, dire qu'avec la suppression de cet amendement, "c'est Auschwitz légalisé".
Franchement, est-ce qu'il était impératif pour les socialistes de proposer d'aller plus loin, alors qu'au fond, on fait tous les jours plus que la loi ? Comme sur la prostitution, on a perdu une occasion d'éviter un débat où l'on ne s'épargnera pas des outrances.
Mardi soir à l'Assemblée nationale, on va se retrouver avec la quinzaine de députés UMP - toujours les mêmes - qui vont réclamer le déremboursement de l'IVG, alors qu'on ne les entendait plus depuis le débat sur le mariage homo. Une dizaine d'UMP qui feront beaucoup de bruit, et qui ne sont même pas soutenus par les ténors du parti.
On les compte sur les doigts d'une main, les communiqués de l'UMP. Rien d'ailleurs de la part de Jean-François Copé. Le président de l'UMP s'exprimera dans Valeurs Actuelles jeudi. Il rappelle plutôt sobrement qu'il ne faut pas toucher à la loi Veil. C'est d'ailleurs la tonalité générale dans l'opposition. À l'exception de François Fillon, qui ne manque jamais une occasion de faire un clin d’œil à l’électorat traditionaliste.
Merci les socialistes d'avoir remis 5 euros dans le bastringue. Merci aux anti-IVG de ne jamais être en retard d'une énormité ! Et bon courage à François Hollande, qui se rend vendredi au Vatican, pour expliquer cela au Pape.
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