Alba Ventura : en France "les soixante-huitards s'accrochent"

Matteo Renzi, âgé d'à peine 39 ans, est le nouveau président du Conseil italien depuis ce lundi 17 février. Il faut y voir un signe de crise politique profonde en Italie : la faillite d'un système politique épuisé par les affaires, la corruption et 20 ans de Berlusconi. Et puis, il faut surtout y voir le succès foudroyant d'un homme très pressé. Matteo Renzi c'est un peu un mélange de Sarkozy et de Valls, avec une forte empreinte de Tony Blair.

Il n'a pas froid aux yeux et l'intention de renverser la table. Pour en arriver là, il a tordu le bras à quelques uns de ses aînés, c'est pour ça qu'il a été surnommé "le démolisseur". Celui qui écrase tout sur son passage...

Il n'a jamais été ni ministre, ni député

Sur le plan politique, il va goûter aux joies des "combinazzione" pour trouver une majorité. Renzi, c'est un homme de centre-gauche pris en tenaille entre ses propres amis de gauche et les anciens compagnons de route de Berlusconi, au centre-droit. Bon courage !

Et puis sur le plan économique, rien à voir avec la gestion de la ville de Florence dont il était maire jusque-là. Là, il va falloir faire face à un pays à 13% de chômage dont 40% chez les jeunes depuis quelques mois. Un pays en récession depuis deux ans.

En tout cas, il faut être sacrément culotté ou exagérément ambitieux pour vouloir à la fois redresser l'Italie et faire le ménage dans la classe politique, quand on sait que personne ne le connaissait il y a un an et demi, qu'il n'est jamais passé par la case ministre, ni même par la case député.

Matteo Renzi n'est pas un cas isolé en Europe

En Grande Bretagne, Tony Blair, premier ministre à 43 ans, et les frères Milliband, Ed et David - ce dernier était ministre des Affaires étrangères à 42 ans. 43 ans aussi pour Jose Maria Aznar à la tête du gouvernement espagnol, 44 ans pour Zapatero, ex-chef du gouvernement socialiste espagnol. Il n'y a finalement que chez nous qu'il faut avoir les tempes grises, le cuir couturé pour être éligible à de hautes fonctions.

Laurent Fabius était ministre à l'âge de Matteo Renzi en 1983 et Jacques Chirac Premier ministre à 42 ans. Le cas le plus spectaculaire est celui de Giscard, le plus jeune Président de la Cinquième République. Mais c'était il y a longtemps et ces hommes politiques n'ont pas passé la main.

Parce que chez nous, c'est une question de génération. La génération Chirac à droite a tué tous les autres et puis Sarkozy a tué Chirac. Pareil au PS : les quadras qui auraient pu avoir le pouvoir sous Jospin, ont été tués par les quinquas de l'époque, les DSK, Aubry, Hollande.

En France quand on est battu, on revient

En fait la vraie différence avec la France c'est le renouvellement. On sait faire mai 68, mais les soixante-huitards s'accrochent. On sait fabriquer de nouvelles générations : Giscard avait ses jeunes, Mitterrand aussi… Mais ces jeunes là se sont accrochés ! 

Aux États-Unis, en Grande Bretagne, quand on est battu on s'en va. En France on revient… C'est toute la différence ! 

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