Elle n'a pas choisi médecine, elle est tombée dedans. Agnès Buzyn est la fille d'Elie Buzyn, chirurgien orthopédiste rescapé d'Auschwitz. Sa mère, Etty Buzyn, était une psychanalyste de renom. La jeune Agnès a grandi à Paris dans les beaux quartiers. Petite fille sage, trop sage peut-être. Aujourd'hui encore, on ne lui connait que deux fantaisies : les bonbons Haribo et le hard rock.
Le jeudi après-midi, c'était cinéma avec papa... Sauf qu'il était souvent appelé en urgence. Alors ça finissait au bloc. À 14 ans, elle l'assistait déjà. Il lui a légué ses maximes : "Les soins doivent être accessibles à tous" ou "le bon chirurgien est celui qui n'opère pas".
Pourtant, elle n'a pas choisi la chirurgie mais l'hématologie. En souvenir peut-être de Zoé, cette camarade du CP morte d'une leucémie. Inconsciemment, pour elle, c'est devenu le mal absolu. Et puis Agnès Buzyn voulait des histoires au long cours avec ses patients, pas juste des opérations d'un soir.
Je n'ai jamais réussi à me blinder
Agnès Buzyn
Elle a été servie. 25 ans d’hôpital public à Necker. Des consultations souvent longues. Car pour elle, "le rôle du médecin, ce n'est pas juste de guérir". Ses malades n'ont pas plus de cinq ans à vivre. Elle les porte à bout de bras. Elle se souvient de ces mamans qui ont donné leur dernier biberon dans son bureau. "Je n'ai jamais réussi à me blinder", dit-elle. Elle cache ses larmes souvent. Elle pleure avec eux, parfois. Difficile de fixer les limites.
Un jour, elle est allée aux obsèques d'un jeune patient, à la demande de sa mère. "Ce fut un moment insoutenable et une erreur", assure-t-elle.
Elle s'est donc battue contre la maladie, mais aussi, parfois, elle a dû se battre contre les médecins. Les mandarins de la médecine n'étaient pas très heureux de voir une femme devenir professeur. Elle a voulu prendre du galon, elle s'est retrouvée placardisée, victime de harcèlement moral.
Une période noire pour Agnès Buzyn, qui a même pensé au suicide. Mais il y avait ses trois fils, et son père, encore. "Il est rentré vivant d'Auschwitz, ce serait indécent de baisser les bras", lance-t-elle.
Son courage l'inspire, comme celui de Simone Veil, qui fut sa belle-mère pendant 8 ans. Elle a repris son ministère quelques semaines avant sa mort. Elle aurait bien gardé une consultation, des patients. Elle y a pourtant renoncé une fois rentré au gouvernement... Mais Madame le ministre reste le Dr Buzyn. L'été dernier, lors d'une visite à l’hôpital Trousseau, elle a pu respirer l'odeur du bloc. Et de lâcher dans un soupir : "Ça me manque".
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