Alerte sur le lac Léman : 13 ans de brassage incomplet des eaux menacent l'écosystème aquatique

Les lacs français se sont réchauffés, en moyenne, de 0,29°C par décennie entre 1980 et 2019. Ce chiffre de Nature France, le service public d’information sur la biodiversité, le lac Léman (en partie français) en est une parfaite illustration. La CIPEL, la commission internationale en charge de la protection des eaux du Léman a publié un article faisant le bilan de cet hiver. Et le résultat est historique !

L'hiver 2024-2025 est le 13ᵉ hiver consécutif où les eaux de brassage ne se font pas complètement, parce qu’il y fait de moins en moins froid. Un brassage complet, c'est lorsque les eaux de surface et les eaux au plus profond se mélangent, s’apportant chacune quelque chose. L’eau en surface apporte de l’oxygène aux eaux profondes et les eaux profondes apportent des nutriments à la surface. 

Sauf que depuis 2012, ce brassage ne se fait que partiellement. Cet hiver, il ne s’est fait que sur 110 mètres de profondeur au lieu des 309 mètres total. Seul un tiers des eaux de surface a donc été mélangé. Et ce en raison du réchauffement climatique car lorsque la température de l’eau en surface se refroidit, elle devient plus dense et s’enfonce dans les profondeurs. 

Un constat qui inquiète les scientifiques de l’étude car cela perturbe la vie aquatique. Les espèces vivant en profondeur ont besoin d’oxygène, or en 13 ans la concentration en oxygène y a diminué de 70%. Cette année elle était de 2,4 mg/L, bien en dessous du seuil critique de 4 mg/L nécessaire à la survie des espèces sensibles. Quant aux espèces vivants en surface, elles ne reçoivent pas assez de nutriments. Résultat : le lac Léman a vu le phytoplancton diminuer, et comme il est à la base de la chaîne alimentaire le nombre de poissons a également baissé.