Comment un détenu censé être aussi surveillé a-t-il pu être aussi sauvagement agressé par un codétenu ? Telle est l'interrogation qui prédomine chez les proches d'Yvan Colonna au lendemain de l'agression subie par le nationaliste corse à la maison d'arrêt d'Arles où il est incarcéré depuis 2007 et sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.
Invité d'Amandine Bégot et Pascal Praud dans RTL Midi ce jeudi 3 mars, l'avocat Patrice Spinosi indique que l'état de son client est "toujours gravissime" et que "la famille est toujours dans l'attente de nouvelles des médecins, sous le choc". Il dénonce "une défaillance extrêmement grave de l'État" qui a "failli, selon lui, à son obligation d'assurer la sécurité des détenus".
Au coeur des interrogations de la famille, le statut de "détenu particulièrement signalé", ou DPS, d'Yvan Colonna, qui lui interdisait d'être incarcéré en Corse, comme il le demandait depuis 10 ans, et lui valait de faire l'objet d'une surveillance accrue de la part de l'administration pénitentiaire.
"Le statut DPS permet de surveiller les détenus pour éviter qu'ils ne s'évadent alors même qu'il n'y a jamais eu un quelconque risque pour Yvan Colonna. Mais lorsqu'il s'agit d'assurer la sécurité des détenus, les surveillants et l'administration pénitentiaire ne sont plus là, déplore Patrice Spinosi. Ça n'a posé de problème à personne de laisser seuls deux détenus DPS, dont un détenu radicalisé, qui a pu agresser sauvagement Yvan Colonna sans aucun contrôle de l'administration".
Selon les derniers éléments de l'enquête, Yvan Colonna a été agressé par un détenu jihadiste camerounais de 36 ans alors qu'ils se trouvaient mercredi dans la salle de musculation de la maison centrale d'Arles. Le nationaliste corse y a été victime d'une strangulation à main nue de la part de son codétenu, interpellé en Afghanistan et condamné à neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste.
Autre invité de RTL Midi, un représentant du syndicat UFAP-UNSa Justice de la maison d'arrêt d'Arles a minoré la responsabilité de l'administration pénitentiaire en expliquant que le statut de DPS ne signifiait pas une surveillance totale comme c'est le cas pour les détenus en quartier d'isolement.
"On en compte entre trois et cinq sur 130 prisonniers à la maison d'arrêt d'Arles. Il s'agit des détenus à même de présenter un risque élevé d'évasion, médiatiques ou sujets à des troubles psychiatriques. Cela implique des rondes plus régulières, des fouilles plus approfondies, des cellules en face des miradors, un changement de cellule tous les six mois et un contrôle des correspondances. Mais il ne faut pas confondre avec le quartier d'isolement, où les détenus sont privés de contact avec le reste de la population carcérale", a-t-il souligné.
Le représentant a également confirmé qu'Yvan Colonna et son agresseur n'étaient pas directement surveillés au moment où sont survenus les faits mercredi. "La pièce où les détenus font leur séance de musculation est limitée en nombre mais il n'y a pas de personnel physiquement présent uniquement pour deux détenus", a-t-il indiqué, récusant toute accusation de défaillance.
"Vous avez deux détenus dans une pièce sous vidéosurveillance, le personnel est présent dans la structure. Dans un monde idéal, vous auriez un détenu pour un surveillant. Ce n'est pas le cas", a-t-il affirmé. Selon lui, les surveillants n'ont pas pu être alertés par les cris d'Yvan Colonna car son agresseur, qui l'étranglait, est "quelqu'un de rodé, qui a fait la guerre, un soldat qui sait se battre et être amené à tuer". Le nationaliste aurait ensuite été "découvert dans la pièce inanimé très peu de temps après la sortie du premier détenu" et les premiers soins lui auraient été apportés immédiatement.
Ces explications n'ont pas convaincu l'avocat d'Yvan Colonna qui a affirmé que la famille du nationaliste allait bientôt porter plainte contre ceux qui apparaissent comme les deux responsables à ses yeux, son agresseur et l'État, "qui a failli à sa sécurité".
"Nous cherchons à comprendre. Pourquoi a-t-il pu y avoir un abandon des surveillants dans le gymnase ? Pourquoi tant de temps ? Les surveillants prétendent qu'ils sont intervenus tout de suite mais il semble bien, selon les images visionnées par certains journalistes, qu'il y a eu un passage à tabac, comme l'état d'Yvan Colonna le démontre", a-t-il souligné.
Selon lui, cette agression n'aurait pas eu lieu "s'il avait été incarcéré ailleurs". "Ça fait dix ans qu'il demande le rapprochement en Corse auprès des siens" mais "cela lui a toujours été refusé, pour des motifs essentiellement politique".
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