Le président turc Erdogan est reçu à l'Élysée ce vendredi 5 janvier par Emmanuel Macron. Une visite qui fait grincer des dents, car du côté du Palais on justifie cet échange dans un souci de maintenir le fil du dialogue, sans cacher les divergences.
"Il vaut mieux discuter avec les gens que les ignorer parce que sinon on ne les ramène plus jamais à la raison démocratique", estime Basile Ader, vice-bâtonnier du Barreau de Paris. "Sur le principe de cette visite je suis pour, à condition qu'on lui (Erdogan, ndlr) dise les choses", précise-t-il.
Les droits de l'Homme en Turquie sont particulièrement visés, notamment depuis le coup d'État manqué de l'été 2016. Emmanuel Macron a promis que ce dossier serait sur la table des discussions. Actuellement, la situation pour les magistrats et les avocats turcs "est terrible", souligne Basile Ader, précisant que "c'est sans doute aujourd'hui une des pires du monde".
"Vous avez 1.486 avocats qui sont poursuivis juste parce qu'ils font leur métier. C'est-à-dire qu'ils sont assimilés à la cause de leur client. Vous en avez 71 qui ont été condamnés à de lourdes peines, juste parce qu'ils ont porté leur robe", explique Basile Ader, qui rappelle que la Turquie et la France ont des liens très forts, le droit étant enseigné en français notamment à l'université de Galatasaray.
Les échanges qui existent entre les deux États dans le domaine du droit ne font qu'accentuer la situation "inconcevable" que vit la justice turque depuis trois ans. "C'était un grand pays démocratique qui avait adhéré au Conseil de l'Europe. On ne comprend pas ce qui s'est passé", regrette Basile Ader.