Violeur de la Sambre : comment deux archivistes ont mené l’enquête pour démasquer ce criminel en série

PODCAST - Pendant 30 ans, Dino Scala a violé et agressé une cinquantaine de femmes. Pour l'identifier, deux archivistes de la police ont mené un travail de longue haleine pour répertorier tous les crimes qui lui incombent.

Ce croquis du tribunal réalisé le 10 juin 2022 montre Dino Scala à l'ouverture de son procès au palais de justice de Douai, dans le nord de la France.

Crédit : Benoit PEYRUCQ / AFP

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Elles s'appellent Christine Andrieux et Lysiane Ducastel. Ces deux archivistes du Service Régional de Documentation ont tout fait pour identifier celui qu'on surnomme "le violeur de la Sambre". Pendant 30 ans, Dino Scala de son vrai nom, a sévi le long de la rivière qui marque la frontière franco-belge. Au total, plus de 56 viols et agressions sexuelles ont été répertoriés, jusqu'à son arrestation en 2018.

Mode opératoire, description et zone similaires… Christine et Lysiane ne laissent passer aucun détail des messages concernant ces crimes sexuels qui se répètent, depuis des années. "Elles mènent l'enquête à leur façon, dans le sens où, chaque fois qu'un message est diffusé faisant état d'une agression sexuelle, elles font tout de suite, ou pas, le rapprochement avec les faits qu'on connaît du violeur", explique Frank Martins, ancien commandant de la PJ de Lille en charge du dossier, dans Les Voix du Crime.

L'enquête de ces deux femmes ne s'arrête d'ailleurs pas aux viols et agressions que le "violeur de la Sambre" commet en France. "Il faut préciser que comme il 'œuvrait' des deux côtés de la frontière, elles étaient attentives aussi aux signalements qui nous étaient donnés par les Belges", précise Frank Martins.

Des tableaux au stylo pour le retrouver

Le travail des deux femmes est méticuleux, et leur protocole, bien ficelé. "Christine a son petit cahier dédié au violeur de la Sambre, dans lequel elle note toutes les agressions qui peuvent être mises en lien et elle me contacte régulièrement en me disant 'tiens, il s'est passé telle chose à tel endroit, qu'est-ce que tu en penses ?'", explique le commandant. Pour ne rien louper, Christine et Lysiane répertorient chaque crime dans des tableaux faits main. Des tableaux qui permettent de remonter à la première agression sexuelle connue de Dino Scala, en 1988.

Grâce à cette méthode, l'enquête du violeur de la Sambre avance lentement mais sûrement. En février 2018, Christine et Lysiane soulèvent un nouveau fait d'agression dans la commune belge d'Erquelinnes, qui pourrait s'apparenter au mode opératoire de Dino Scala. "On est assez surpris parce qu'à ce moment là, ça fait quand même un petit bout de temps qu'il n'a pas frappé, mais ça lui ressemble fort", se souvient-il.

Enfin une piste sérieuse

Les enquêteurs se dirigent alors vers cette piste, jusqu'à trouver un véhicule dont les déplacements correspondent au lieu de l'agression. Puis, se produit l'inespéré : les portraits-robots du conducteur sont conformes à l'homme sur les images des vidéos de surveillance de la commune. Après des décennies d'enquête, "le violeur de la Sambre" est formellement identifié. "On organise une surveillance non-stop et on décide de l'interpeller le 26 février, au petit matin, à six heures, alors qu'il part de son domicile à bord de ce véhicule."

L'ancien commandant de la PJ de Lille, aujourd'hui retraité, n'est pas prêt d'oublier le jour où il l'a vu la première fois. "C'est exactement celui que j'avais imaginé en tout point. C'était incroyable." Si cette enquête reste aujourd'hui l'une des plus importantes de sa carrière, Frank Martins n'oublie rien du "travail remarquable" de Christine Andrieux et Lysiane Ducastel dans cette affaire. Un travail qui a conduit à la condamnation de Dino Scala en 2022 à 20 ans de réclusion criminelle, avant qu'il ne fasse appel.

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