"Il est possible de savoir sans savoir, d'avoir des souvenirs et de les oublier", a résumé Thierry Baubet, psychiatre et expert en psychopathologie de l'enfant. Aux moments des faits, la plupart des victimes de Joël Le Scouarnec, jugé à Vannes depuis le 24 février pour des viols et agressions sur 299 patients, étaient mineures. Certaines étaient inconscientes, d'autres en phase de réveil.
Avant l'âge de trois ans, les enfants ne peuvent tout simplement pas enregistrer des souvenirs, mais "des traumatismes sont possibles, avec des conséquences très graves", insiste le psychiatre, qui co-dirige la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Civiise). Même plus vieux, "l'enfant n'a aucune connaissance ou compréhension de la sexualité d'un adulte" : lors d'une agression sexuelle, "il ressent une grande confusion, une angoisse sans aucun sens".
Ce n'est qu'après, à partir de la puberté et parfois bien plus tard, jusqu'à la révélation des faits par les enquêteurs, que la victime pourra comprendre que ce qu'elle a subi "n'aurait pas dû arriver" et que cet événement prendra son sens traumatique. Même dans le cas des patients inconscients agressés au bloc opératoire ou en salle de réveil par l'ex-chirurgien de 74 ans.
"Le corps parle" et "moins nous sommes dans la conscience d'un événement douloureux ou stressant, plus son impact sur le corps sera fort", relève-t-il. Les symptômes physiques peuvent durer des années, voire des décennies, avant que cette "mémoire piégée, enkystée, n'explose" lorsqu'une situation viendra rappeler l'événement traumatique.
Dans le cas de nombreuses victimes de Joël Le Scouarnec venues s'exprimer devant la cour criminelle du Morbihan, cette révélation aura été une convocation par les gendarmes pour s'entendre lire les carnets où le pédocriminel consignait minutieusement les sévices infligés. Plusieurs parties civiles ont critiqué la manière dont les enquêteurs ont annoncé les faits aux victimes, parfois par téléphone ou en présence de leur enfant. Mais "le traumatisme, c'est bien l'agression initiale, pas l'annonce par un policier", estime Thierry Baubet, qui parle de "bombe à retardement".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte