Avec 69.430 détenus, la France n'avait jamais connu une telle population carcérale. C'est dans ce contexte que le Livre blanc de la pénitentiaire a été remis ce 4 avril au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas. Un contexte d'autant plus délicat que le directeur de l'administration vient de démissionner de son poste, sur fond de désaccord avec le garde des Sceaux.
Dans ce document se trouvent les propositions de la commission du Livre blanc sur l'immobilier pénitentiaire, composée d'élus de droite et de gauche, mise en place par le premier ministre Bernard Cazeneuve le 24 janvier dernier pour accompagner la construction de nouveaux établissements. Les élus font plusieurs propositions pour une prison plus humaine alors que la surpopulation carcérale et les conditions de détention sont régulièrement dénoncées.
La toute première proposition, de loin l'une des plus concrètes : en finir avec les gros établissements, les prisons-usines, comme celles de Fleury-Mérogis ou des Beaumettes à Marseille. Dans son Livre blanc, la commission préconise de construire à l'avenir des unités à taille humaine avec pas plus de 1.000 détenus. Des établissements plus simples à gérer mais plus chers sur le long terme.
Une proposition saluée par Jean-François Forget, secrétaire national du syndicat majoritaire UFAP-UNSA qui dénonce les suicides des détenus et des conditions de travail difficiles pour les agents pénitentiaires. "Pour tout le monde, c'est plus confortable et efficace dans de tout petits établissements, jusqu'à 200/250 places", note-t-il. "Bien évidemment, il faut qu'on aille dans une dynamique qui vise à ce que l'on n'ait plus de surpopulation pénale et cette promiscuité de 4 à 5 détenus dans 9 m²", ajoute Jean-François Forget.
La prison doit servir à quelque chose et ne pas laisser les détenus passer la majorité de leurs journées dans leurs cellules. Pour cela, le Livre blanc recommande au minimum 5 heures d'activité dans la journée. Un temps consacré à du sport, des cours ou encore du travail.
Mais à l'heure où la surpopulation carcérale bat des records en France, une proposition retient l'attention : réguler les flux d'entrées et de sorties des détenus. On pense immédiatement au numerus clausus, un dispositif qui consiste par exemple à faire sortir un détenu en libération conditionnelle quand un autre est incarcéré.
Selon les informations de RTL, l'idée a bien été débattue, mais n'a pas été retenue car jugée pas assez consensuelle. La commission préconise seulement une meilleure gestion comptable en concertation avec les magistrats, sans vraiment préciser par quel moyen.
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