À Paris, une affiche raciste placardée sur la vitrine d'une boutique afro

"Nous ne voulons ici pas de boutique afro de vente de cheveux en plastique (sic)". Un message à caractère raciste a été scotché sur la vitrine de la boutique Colorful Black dans la nuit du 19 au 20 janvier. La gérante du magasin, implanté dans le IIe arrondissement de Paris, a publié l'intégralité du texte sur le compte Instagram de sa boutique "spécialiste de la beauté noire et métissée".

Dans sa lettre, sans doute écrite à plusieurs mains, l'anonyme exprime son opposition à l'installation de cette boutique dans la rue Poissonnière. "Nous ne voulons pas d'un futur quartier Château-Rouge ou Château-d'Eau qui est devenu un quartier poubelle (...) Nous ne voulons pas de la clientèle des logements sociaux de cette rue où le mètre carré est de 10.000 euros. Pourquoi c'est toujours vous africain qui demandez et obtenez toutes les subventions ou gratuité ? (sic)".

Jusqu'à 6 mois de prison et 22.500 euros d'amende

Anne-Marie Mendy, qui gère la boutique avec son mari Frédéric, est d'origine sénégalaise. Elle gère une autre boutique depuis six ans. Celle-ci a été ouverte le 16 janvier. Après avoir découvert le message, elle a immédiatement déposé plainte contre X pour injure publique à caractère raciste. "Nous avons pris la photo, j'ai arraché ce document et je l'ai jeté", a-t-elle déclaré dans le quotidien 20 Minutes. Je suis choquée de voir encore ça en 2016. Mais le racisme est encore là", regrette-t-elle. Selon le Code pénal, l'auteur d'une injure publique encourt jusqu'à six mois d'emprisonnement et 22.500 euros d'amende. Il est pour l'heure toujours recherché.

La réaction politique du maire EELV du IIe arrondissement de Paris ne s'est pas fait attendre. Il a qualifié cet acte de "stupide et raciste" avant de se justifier de la pertinence d'un tel commerce dans cette rue. "Cette installation au pied d’un immeuble de logements sociaux s’inscrit parfaitement dans le cadre de notre politique de diversification commerciale. Il ne s’agit ni d’un grossiste en textile, ni d’un sex-shop", souligne Jacques Boutault dans Le Parisien. La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme a tenu à soutenir les propriétaires de la boutique dans un tweet.