Nice : deux morts, suspects en fuite, narcotrafic... Ce que l'on sait de la fusillade dans le quartier des Moulins

Une fusillade vraisemblablement liée au narcotrafic a fait deux morts et au moins cinq blessés, dont trois graves, dans la soirée du vendredi 3 octobre. La fusillade a eu lieu dans le quartier des Moulins, un quartier sensible de Nice (Alpes-Maritimes), relançant immédiatement la polémique autour de l'efficacité de l'État dans ces quartiers.

Les auteurs de la fusillade sont encore recherchés, a précisé le préfet, Laurent Hottiaux, qui s'est rendu sur place. Il a annoncé que des renforts seraient mobilisés à partir de samedi pour sécuriser le quartier. La fusillade, "très vraisemblablement" liée au narcotrafic, selon le procureur Damien Martinelli. Selon les informations de RTL, la voiture de suspects a été retrouvée incendiée à proximité de Mougins, à quelques kilomètres de Nice.

Une enquête pour homicides volontaires en bande organisée et tentatives d'homicide volontaire en bande organisée a été ouverte et confiée à la police judiciaire des Alpes-Maritimes.

Deux morts et cinq blessés dont trois graves

Le 3 octobre, à 21 heures, une voiture blanche a surgi près de la place des Amaryllis, place principale de ce quartier sensible. À son bord, plusieurs hommes encagoulés ont subitement ouvert le feu, tirant plusieurs dizaines de coups avec des armes automatiques.

Dans le quartier, plusieurs témoins ont assisté à la scène et décrivent des tirs dans tous les sens pour semer la terreur. "J'ai vu la scène, ils ont tiré partout avec des kalachnikovs, ils ont visé tout le monde, ils ont tiré à l'arrache", confie un des habitants du quartier, qui s'est réveillé ce samedi matin dans une ambiance pesante tandis que le bar central a gardé porte close. Au sol, les banderoles de la police sont toujours présentes dans la matinée du 4 octobre, alors qu'une enquête pour homicide volontaire en bande organisée et tentative d'homicide volontaire a été ouverte. 

Deux hommes, d'une vingtaine et d'une cinquantaine d'années, ont trouvé la mort dans cette fusillade, leur identité est en cours de vérification. Cinq autres personnes ont été blessées, dont deux graves selon la préfecture et une personne "très grièvement blessée", selon le parquet. Le périmètre a été sécurisé et une cellule médico-psychologique a été mise en place pour les riverains. Les auteurs de la fusillade sont encore recherchés, a précisé le préfet, Laurent Hottiaux, qui s'est rendu sur place, annonçant que des renforts seraient mobilisés pour sécuriser le quartier.

Un quartier gangréné par le narcotrafic

Jugé sensible, le quartier des Moulins serait en proie à un important trafic de drogue. Les habitants dénoncent un quartier gangréné où règne la terreur. "Ce n'est pas la première fois, ce n'est pas la dernière fois. Ça va continuer, ça. Ça fait peur. Surtout le soir, ça fait peur. On ne se sent pas en sécurité. On a peur", confie Ahmed, qui travaille au bureau de tabac du quartier, au micro de RTL.

"Plus les années passent, plus c'est de pire en pire par rapport à la drogue. On ne se sent même plus en sécurité parce que tous les soirs, il y a des coups de feu, tous les soirs, il y a des blessés. C'est toujours pour la même chose. Tout le temps. On ne se sent plus en sécurité maintenant ici. C'est compliqué", raconte Cynthia qui a toujours connu le quartier niçois des Moulins.

Ce quartier de 8.000 habitants dans l'ouest de Nice, proche de l'autoroute, mais enclavé eSt régulièrement marqué par des violences pour le contrôle de points de deal. Lors du dernier incident en date, un jeune homme avait été blessé à une jambe le 1er octobre par des tirs dans le quartier. Et en juillet 2024, sept personnes d'une même famille, dont trois enfants et un adolescent, avaient péri dans un incendie criminel visant un autre étage sur fond de trafic de drogues dans l'un des immeubles des Moulins.

C'est une fois de trop, nous avons le sentiment quelques fois d'être totalement abandonnés

Christian Estrosi, maire de Nice

Venu sur place, le maire Christian Estrosi (Horizons), a fustigé un "désintérêt de l'État pour cette cité des Moulins". "C'est une fois de trop, nous avons le sentiment quelques fois d'être totalement abandonnés", a-t-il ajouté.  Évoquant les efforts et les investissements de Nice en matière de police municipale et de vidéosurveillance, il a insisté : "Ce n'est pas une raison pour nous envoyer moins d'effectifs" de police nationale ou de magistrats.


Le préfet a refusé d'entrer dans la polémique en expliquant que trois points de deal avaient été démantelés ces derniers jours dans le quartier des Moulins et que près de 300 personnes avaient été incarcérées depuis six mois en lien avec les trafics de stupéfiants aux Moulins et à l'Ariane, un autre quartier sensible dans le nord-est de Nice.

De son côté, Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et rival UDR-RN de Christian Estrosi pour les élections municipales de mars, a également réagi. "Je ne veux pas que Nice devienne Marseille en matière de criminalité et narcotrafic", a-t-il affirmé. "Face à cette spirale infernale, une énième annonce de renforts policiers qui resteront quelques jours.. avant de repartir. Ceux qui ont permis cette situation à Nice et à Paris doivent partir", a-t-il insisté.


Si les violences liées au narcotrafic n'atteignent pas à Nice le niveau de celles de Marseille ou de la région parisienne, elles restent présentes. En avril, un homme de 28 ans a été tué par balles dans le quartier Pasteur, un autre quartier sensible dans l'est de la ville.

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