Les couches de neige et de glace s'effondrent sur les pentes de l'Everest, laissant apparaître les corps de centaines d'alpinistes qui ont perdu la vie en essayant d'atteindre le sommet du monde. Les conséquences directes du réchauffement climatique sur les plus hauts sommets de la planète laissent place à cimetière à ciel ouvert.
Une équipe avait pour but, parmi ceux qui ont gravi l'Everest cette année, non pas d'atteindre le sommet situé à 8.849 mètres, mais de descendre les dépouilles oubliées. Ces alpinistes, au péril de leur vie, ont déjà ramené cinq corps gelés à Katmandou (la capitale népalaise), dont l'un à l'état de squelette. Deux des corps ont été déjà pré-identifiés et sont en attente de "tests détaillés" pour être confirmés, selon Rakesh Gurung, du ministère népalais du tourisme. Ceux qui ne sont pas identifiables seront sans doute incinérés.
Les cadavres se trouvent fréquemment dans ce que l'on surnomme "la zone de la mort", où le manque d'oxygène accroît le risque de mal aigu des montagnes, souvent mortelle au-delà d'un certain temps. "Un effet psychologique est présent", déclare le major de l'armée népalaise, Aditya Karki : "Les gens croient qu'ils entrent dans un territoire divin lorsqu'ils escaladent des montagnes, mais s'ils voient des cadavres en chemin, cela peut avoir un effet négatif".
Récupérer ces corps est une tâche complexe. Tshiring Jangbu Sherpa, qui a dirigé l'expédition de récupération, a témoigné de la difficulté : "Il a fallu 11 heures pour dégager l'un des cadavres pris dans la glace jusqu'au torse, et nous avons dû utiliser de l'eau chaude et des haches". Sortir les corps est une chose, mais les descendre en est une autre. Pour certains corps, encore chaussés de crampons et de harnais, il faut jusqu'à huit sauveteurs pour chaque individu.
La collecte des corps à des altitudes élevées est une entreprise onéreuse, qui demande des milliers de dollars. Toutefois, selon Aditya Karki, cette démarche reste essentielle : "Si nous continuons à les laisser derrière nous, nos montagnes se transformeront en cimetières".
Parmi les cadavres découverts, certains sont devenus des points de repère pour les alpinistes grâce aux coloris de leurs vêtements, comme "Green Boots" ou "Belle au bois dormant". Ces corps, dissimulés par la neige ou coincés dans des crevasses refont surface à mesure que la glace fond. Lors des missions, les corps sont souvent enveloppés dans un sac, puis descendus en traîneau.
Toutefois, certains corps restent encore introuvables, c'est le cas notamment du compagnon de cordée de George Mallory, nommé Andrew Irvine. Disparu depuis 1924, il détenait une caméra qui pourrait témoigner de son ascension réussie et pourrait éventuellement récrire l'histoire de l'alpinisme.
En plus des corps, la fonte des glaces révèle également une grande quantité de déchets. La campagne de nettoyage, dotée d'un budget de plus de 600.000 dollars, a mobilisé 171 guides et porteurs népalais pour ramener 11 tonnes de déchets, incluant des tentes, du matériel d'escalade hors d'usage, des bouteilles de gaz vides et même des excréments humains. "Les montagnes nous ont offert tant d'opportunités", observe Tshiring Jangbu Sherpa : "Nous devons le leur rendre en enlevant les déchets et les corps".
Les expéditions actuelles sont désormais contraintes d'éliminer les déchets qu'elles produisent, mais les anciens déchets restent un problème persistant. "Les poubelles de cette année devraient être ramenées par les montagnards", souligne Aditya Karki. "Mais qui ramènera les anciens déchets ?"
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