La cour d'appel de Lyon a confirmé ce jeudi 10 septembre le jugement qui avait reconnu la responsabilité du groupe américain Monsanto dans l'intoxication d'un agriculteur charentais. Une première en France. Paul François, céréalier à Bernac, avait été intoxiqué en avril 2004 après avoir inhalé des vapeurs de Lasso, un herbicide qu'il utilisait dans sa culture de maïs et produit par le groupe américain. Ce dernier avait déjà été condamné en 2012 à indemniser l'agriculteur et avait fait appel du jugement.
Le 27 avril 2004, l'agriculteur vérifiait une cuve ayant contenu du Lasso. Après avoir inhalé les vapeurs toxiques, il est pris de malaise. Crachant du sang, il devra être conduit aux urgences et sera arrêté pendant cinq semaines. L'affaire ne s'arrête pas là, Paul François est ensuite pris de violents maux de tête, d'absences et de problèmes d'élocution. Huit mois plus tard, ces filles le retrouvent inconscient, gisant sur le sol de la maison.
"D'examen en examen, de coma en coma, on a fini par trouver une importante défaillance au niveau cérébral. Là, ma famille a commencé à faire son enquête sur le Lasso", à ses frais, explique l'agriculteur à France 3. Ce n'est qu'en mai 2005, que tous les soupçons vont se tourner vers le monochlorobenzène, un solvant répertorié comme hautement toxique. Il représente 50% de la composition de l'herbicide. Dix ans plus tard, donc, l'agriculteur obtient enfin gain de cause et, soulagé, a déclaré : "Ouf, les firmes ne sont pas au-dessus des lois".
Mais qui est Monsanto ? Cette multinationale américaine est une des firmes les plus puissantes de notre société. Selon une courte vidéo de France Télévisions, en 2012, elle aurait cumulé 13,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires, soit 14% de hausse par rapport à 2013. Fondée en 1901, Monsanto est présent dans 26 pays dans le monde, et emploie 21.000 personnes. Mais c'est surtout le premier semencier du monde et producteur d'OGM. Entre le maïs, le soja, le colza ou encore le coton, Monsanto produit 90% des semences transgéniques mondiales pour "augmenter le rendement et la productivité des agriculteurs", se félicite la firme. Ce qui lui a valu nombre de procès et de critiques, notamment de scientifiques et d'écologistes engagés. Mais aussi d'agriculteurs comme ça a donc été le cas de Paul François, le premier agriculteur à faire condamner la société.
S'il est le plus grand producteur d'OGM, Monsanto est aussi celui du Roundup, l'un des herbicides les plus utilisés dans le monde et autre sujet de controverse. Produit que la ministre de l'Écologie Ségolène Royal souhaiterait voir interdit d'ici 2016, le glyphosate - son principal actif - ayant été classé comme cancérigène "probable chez l'homme" par le Centre international de recherche sur le cancer. Il est également accusé de polluer les cours d'eau et dégrader les sols jusqu'à les rendre stériles. L'entreprise se défend elle d'être "désignée en bouc émissaire", car elle n'est pas la seule à utiliser de cette matière nocive.
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