C’est un enchaînement d’amateurisme criminel et d’ultra-violence qui a mené à la mort de Nessim Ramdane, un chauffeur VTC sans histoire de 37 ans, dans la soirée du vendredi 4 octobre à Marseille. Le tueur présumé, recruté sur internet, n’a que 14 ans. Son commanditaire, qui a appelé la police pour le dénoncer, a été identifié. Il a tout piloté depuis la cellule de sa maison d’arrêt.
Après sa guerre sanglante contre le clan "Yoda", le gang de la "DZ Mafia", qui revendique contrôler plusieurs des plus importants points de deal de Marseille, se retrouve impliqué dans de nouveaux affrontements contre une équipe de trafiquants, implantée cité Félix Pyat, la plus proche du centre-ville.
Tout a démarré le mercredi 2 octobre. Un détenu de la prison de Luynes, près d’Aix-en-Provence, contacte sur les réseaux sociaux un de ses "ex-jobbeurs", un revendeur de cannabis de 15 ans. Il lui propose, contre 2.000 euros, d’aller tirer et brûler la porte de l’appartement de l’un de ses concurrents, également détenu dans la même maison d’arrêt.
Il ajoute qu’il souhaite que la scène soit filmée pour être diffusée sur internet, une nouvelle technique d’intimidation en vogue chez les trafiquants marseillais. L’adolescent, accompagné d’un autre, est stoppé par une bande au pied du bloc.
Interrogé, malmené et fouillé, ses adversaires découvrent sur lui une arme à feu. Il va être poignardé à une cinquantaine de reprises, puis transporté dans une autre cité, avant d’être brûlé alors qu’il est encore vivant. Une scène d’une violence quasiment inédite dans la cité phocéenne, au vu de l’âge de la victime.
Une enquête est ouverte pour assassinat en bande organisée. L’adolescent qui accompagnait la victime est interpellé et placé en centre éducatif fermé, la détention étant interdite aux moins de 16 ans.
Dans sa cellule de prison, le commanditaire enrage. Âgé de 23 ans, il compte une quinzaine de condamnations à son actif, notamment pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs. Le prisonnier va de nouveau se connecter depuis son lieu de détention sur les réseaux sociaux pour recruter un "charcleur", un tueur, dans un département limitrophe des Bouches-du-Rhône.
Un mineur de 14 ans, placé en famille d’accueil, répond à l’appel. En échange de 50.000 euros, il accepte le contrat mortifère : tuer l’un des responsables présumés du meurtre du premier adolescent deux jours plus tôt. Le commanditaire lui paye à distance une chambre d’hôtel.
L’adolescent, connu pour de petits délits, commande un VTC sur Volt. Accompagné d’un autre jeune, il se dirige vers la cité Félix Pyat mais croit repérer, sur la route, sa future cible. Il demande au chauffeur VTC de s’arrêter immédiatement et de l’attendre. Nessim Ramdane, par ailleurs footballeur amateur bien connu dans la région et père de trois enfants, refuse.
Selon les enquêteurs, le garçon sort alors un revolver 357 magnum et lui loge une balle dans la tête. La nouvelle fait l’effet d’une bombe, c'est une nouvelle victime totalement innocente dans la guérilla entre différents clans à Marseille. Le chauffeur a été licencié, pendant plusieurs années, au club de football de Carnoux-en-Provence. Ses proches lui ont rendu hommage ce dimanche après midi.
Selon les enquêteurs, il s'agit du plus jeune adolescent impliqué comme tireur dans une affaire de narcomicide (meurtre en lien avec le trafic de stupéfiants). Placé en foyer et familles d'accueil depuis l'âge de 9 ans, ses parents sont tous les deux actuellement mis en examen dans deux affaires de trafic de stupéfiants distinctes, à précisé le parquet.
Le jeune tueur présumé s’enfuit, arme à la main, et appelle son donneur d’ordre pour lui expliquer l’échec de sa mission et lui demander de lui envoyer des complices pour venir le chercher. Au lieu de cela et pour des raisons encore floues, le détenu de 23 ans va appeler le 17. Il indique aux policiers où trouver l’assassin présumé et l’arme qu’il a cachée. Ces informations mèneront à l’arrestation du mineur dans les heures qui ont suivi son crime.
Plusieurs pistes sont à l’étude mais le procureur de la République Nicolas Bessone évoque "une possible mégalomanie. La volonté de revendiquer un assassinat, c’est une première pour nous. Une revendication au nom de la 'DZ Mafia', peut être pour faire peur aux concurrents ou pour ne pas payer ce 'contrat' qui n’a finalement pas été exécuté". Le travail de recoupement téléphonique de la police judiciaire a abouti rapidement à son identification, il a été extrait de sa cellule ce dimanche pour être de nouveau mis en examen.
La "DZ Mafia", label ou gang ? Le directeur du service départemental de la police judiciaire répond. "C’est une organisation criminelle, mais c’est surtout une appellation. Il y a plusieurs chefs, certains en liberté, d’autres en détention pour des histoires d’assassinat. Ils décident à plusieurs de la marche à suivre. C’est aussi une appellation incontrôlée, certains voyous s’en revendiquent mais après à nous de savoir s’ils en font partie ou pas", souligne Philippe Frizon.
Cité récemment par les policiers dans des affaires de rackets de plusieurs stars, comme le rappeur SCH et l’influenceuse Maeva Guenham, le gang de la "DZ Mafia" n’abandonne pas son "cœur de métier" : la reprise des points de deal les plus lucratifs de la région, avec des méthodes ultra-violentes qui allient rajeunissement des tueurs et recrutement sur les réseaux sociaux.
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