Marseille : comment la police tente de démasquer les "Uber-shit"

Les "Uber-shit", c'est la livraison de drogue à domicile via des coursiers type "Uber Eats" ou "Deliveroo". Un phénomène en pleine expansion dans la plupart des grandes villes de France depuis le premier confinement. En déplacement à Marseille, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a promis de s'attaquer au problème, et a annoncé des "contrôles systématiques".

"La nouveauté, depuis un an environ, c’est que l’on arrête beaucoup plus d’indépendants. Entre 3 et 5 par semaine, dans les beaux quartiers de Marseille, les endroits festifs", détaille Fred, policier de la BAC Sud. Des "indépendants" non-rattachés à un réseau déjà implanté dans un quartier (mais qui s’y fournissent) et représentent 80% des interpellations aujourd’hui. "Un Uber-coke nous expliquait qu’il achetait 200 grammes de cocaïne, qu’il coupait ensuite pour en obtenir presque 300 grammes. Pour un bénéfice estimé à 8.000 euros par mois. Il y a un tarif de nuit, plus onéreux. On a des livreurs de Marseille qui montent jusqu’à Aix-en-Provence", conclut Fred.

En visite pour installer une nouvelle unité de CRS dans la cité phocéenne, le ministre de l'Intérieur a promis de renforcer "la police d'Internet" face à ces systèmes de livraison à domicile utilisant des messageries cryptées, Télégram et Snapchat en tête, peu opérantes avec le droit pénal français. Gérald Darmanin souhaite aussi "systématiser les contrôles de ceux qui livrent, comme cela a été fait en banlieue parisienne". Toute la difficulté réside dans le fait de repérer un livreur légal de son double narcotique. Les coursiers spécialisés dans l’herbe, la cocaïne et la MDMA imitent les grandes plateformes de livraison de repas à domicile mais diversifient aussi leurs véhicules : camionnette d’artisan, citadine, pilote féminine, puissants scooters.

Moi je préfère garder le silence

Julien, 20 ans, client d'un réseau de livraison

Les clients sont parfois réticents à dévoiler leur nouveau circuit de contrebande. Julien*, 20 ans, souhaitait acheter de l’ecstasy : "Depuis le réseau social ou la messagerie, on reçoit un numéro de téléphone, d’une puce prépayée pour protéger le fournisseur. Je reçois un 'menu', je commande. La livraison se passe dans la soirée, mon livreur était cagoulé, avec du scotch noir sur sa plaque d’immatriculation", raconte-t-il au micro de RTL.
La police pourrait-elle simplement passer commande et cueillir ces "portes-barettes" ? "Une fois sur deux, les dealers veulent nous passer un petit coup de fil en visio avant d’entrer officiellement dans leur répertoire", rigole Fred, le policier. "Donc on préfère les repérer dans la rue, les laisser faire quelques livraisons. Ils sont très prudents sur la route". Tout le contraire des "vrais" livreurs, c’est déjà un indice.

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