"Je vous ai donné mon consentement ? Jamais !" : Gisèle Pelicot face à l'accusé lors du procès en appel des viols de Mazan

Dans ce procès en appel des viols de Mazan, ouvert depuis lundi 6 octobre à la cour d'assises d'appel du Gard , il est le seul à avoir fait appel de sa condamnation. Husamettin Dogan, condamné en première instance à neuf ans de prison, nie encore et toujours avoir violé Gisèle Pelicot. Ce mercredi 8 octobre, cette dernière a pris la parole face à lui, qui se dit "victime de Dominique Pelicot".

Mais pour Gisèle Pelicot, "il n'y a qu'une victime", elle-même. Et parmi ses bourreaux "responsables" de sa "souffrance", elle compte Dominique Pelicot, mais aussi les 51 hommes condamnés pour viols. "En aucun cas vous n'êtes pas victime de monsieur Pelicot, assumez votre acte, [...] deux heures c’est long, j'ai honte pour vous !", a ainsi lancé Gisèle Pelicot à Husamettin Dogan, devant la cour d'assises de Nîmes.

"À quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais !", a alors interpelé Gisèle Pelicot devant l'ex-ouvrier de 44 ans qui s'est enfoncé dans le déni malgré des preuves vidéos accablantes. Car, lors de l'audience matinale du mercredi 8 octobre, quatorze courtes vidéos tournées par Dominique Pelicot datant du 28 juin 2019, jour où l'accusé s'est rendu à leur domicile de Mazan, ont été diffusées.

"Toute sa vie, il sera un violeur"

Avant leur projection, le président de la cour, Christian Pasta, avait soigneusement pris soin d'inviter les personnes sensibles à sortir, prévenant : "Les images que vous allez voir sont très avilissantes pour la gente féminine".

Au sein de ces images, on y voit l'accusé réaliser plusieurs actes sexuels sur une Gisèle Pelicot en sous-vêtements, avec parfois un bandeau sur les yeux, totalement inerte et ronflant parfois fortement. Pour éviter de réveiller une Gisèle Pelicot droguée par son mari, Husamettin Dogan et Dominique Pelicot parlent même en chuchotant.

Une fois les vidéos diffusées, le président passe alors l'accusé sous une pluie de questions extrêmement crues : "Cette femme ne s'est jamais réveillée... Est-ce que les femmes réagissent comme ça ?" ; "Est-ce qu'elle fait comme ça, une femme qui a du plaisir ?". Malgré cela, Husamettin Dogan n'en a pas démordu et a maintenu son cap : "J'ai fait un acte sexuel, j'ai jamais violé personne [...] c'est lui le manipulateur, c'est pas moi. C'est lui qui m'a attiré là-bas".

Les avocats de l'accusé ont ensuite tenté d'appuyer sur le point central de leur défense, l'intentionnalité : "Vous aviez conscience de commettre un viol?". "S'il avait dit: «Viens, je vais te filmer, on va la violer", je serais jamais allé là-bas". Mais cela ne suffit évidemment pas pour Gisèle Pelicot : "Toute sa vie, il sera violeur".

Ce second procès de ce dossier hors-norme touche désormais à sa fin. Après les plaidoiries des avocats de Gisèle Pelicot, l'avocat général fera son réquisitoire. Les plaidoiries des avocats de la défense sont attendues en fin de journée ou plus probablement jeudi, avant le verdict. Poursuivi pour "viols aggravés", Husamettin Dogan risque un maximum de 20 ans de réclusion.