Après l'examen de sa demande de libération conditionnelle, le tribunal d'application des peines de Melun a tranché. Jacqueline Sauvage est maintenue en détention. En décembre 2015, cette femme de 68 ans avait été condamnée en appel à dix ans de prison pour avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos, après 47 ans d'une vie conjugale marquée par les coups et les viols de deux de ses filles. Le fils de Jacqueline Sauvage, quant à lui, s'était suicidé la veille du drame.
Au tribunal, ses trois filles avaient témoigné violemment à charge contre leur père, entrepreneur d'une société de transport, tué à l'âge de 65 ans. L'avocat général avait demandé la confirmation de la condamnation, jugeant que "la légitime défense n'est absolument pas soutenable". Il a visiblement été entendu. Quels sont les arguments qui ont poussé la justice à maintenir Jacqueline Sauvage en détention ?
Pour les juges, les conditions ne
sont tout simplement pas réunies pour accorder la libération conditionnelle à
Jacqueline Sauvage. La détenue n'aurait pas
fait tout le chemin nécessaire, le chemin psychologique, pour sortir de
prison. Autrement dit, la détenue ne
semble pas comprendre le sens de sa peine, ni sa responsabilité dans son
passage à l'acte. La décision fait 15 pages, RTL a pu en consulter ses motivations : les mots sont choisis, les formules parfois
assassines. "La notion d'interdit
n'apparaît pas encore vraiment intégrée par Jacqueline Sauvage", écrivent
les juges.
D'autant que la détenue a choisi
de retourner vivre à quelques kilomètres des lieux du crime quand elle sera
libre. Chez l'une de ses filles dans le Loiret. Là-bas, beaucoup d'habitants la
soutiennent. Avec la médiation de cette affaire, pour les juges,
"tout cela risque de la conforter encore dans son positionnement
largement victimaire ". Pique à peine cachée adressée à l'entourage de Jacqueline Sauvage, à son comité de soutien mais aussi à ses deux avocates, qui ont tout fait pour en faire une icone de la cause des
femmes battues.
En février, lors du transfert de Jacqueline Sauvage à la prison de Réau, une décision similaire avait donné peu de raisons de croire à sa libération. En effet, les résultats de l'expertise psychologique et médicale visant à "évaluer sa dangerosité" n'ont pas satisfait la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, qui a émis un "avis défavorable" à sa libération.
"Le président de la République a voulu, face à une situation humaine exceptionnelle, rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de Mme Sauvage auprès de sa famille", a déclaré la présidence dans un communiqué, précisant que la remise de peine "de 2 ans et 4 mois" portait aussi sur "l'ensemble de la période de sûreté qu'il lui reste à accomplir". L'implication de François Hollande dans le volet judiciaire de l'affaire n'aurait pas été du goût des magistrats. Les avocates de Jacqueline Sauvage dénoncent une "décision politique", symbole d'un "bras de fer entre les magistrats et François Hollande".
Selon le magistrat, Philippe Bilger, la décision du Tribunal de l'application des peines de Melun est fondé sur "une perception psychologique, qui probablement est constituée de la rançon de ce délire politico-médiatique. Je constate que les politiques n'ont rigoureusement rien compris puisqu'ils continuent à dénoncer de manière scandaleuse cette décision".
Le magistrat, qui a posté un billet sur Justice au singulier, son propre blog, ne cache pas son amertume envers la classe politique. "Dans ces soutiens dont je parle, qui ont accablé Jacqueline Sauvage, je mets bien sûr également le Président de la République, dont la complaisance et l'immixtion ont été totalement choquantes dans cette affaire. Il aurait surtout dû ne pas s'en mêler. Le Président de la République n'est pas chargé en permanence de répondre à toutes les sollicitations du cœur qu'elles soient valables ou non."
À en croire le magistrat, la stratégie de défense de Jacqueline Sauvage est aussi en cause dans cette affaire. "L'acquittement était impossible à obtenir. C'est probablement la raison essentielle du fait que Jacqueline Sauvage a été condamnée à 10 ans. C'est une absurdité d'avoir plaidé l'acquittement alors qu'il était rigoureusement impossible. Ça a été la première erreur grave. Les avocates ont fait une expérience sur le dos de Jacqueline Sauvage."
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