L'échange radio a lieu quelques instants après la collision entre une moto-cross conduite par un adolescent d'Elancourt et une voiture de police à une intersection, le 6 septembre, alors qu'un jeune homme âgé de 16 ans, Sefa, était en arrêt cardio-respiratoire. Consulté par RTL, il vient de nouveau interroger le rôle du véhicule percuté.
Il était tout juste 18h30. Les policiers de la voiture qui suivaient la moto de Sefa après un refus d'obtempérer, gyrophare allumé, ont informé d'abord le centre de commandement des Yvelines de l'état de santé gravissime du blessé. Ils requéraient en urgence l'intervention des sapeurs-pompiers. La station directrice a demandé alors quelles étaient les "circonstances de l'accident", et précisément s'il s'agissait d'une "prise en charge", autrement dit une poursuite, ou d'un "accident banal", d'après une retranscription consultée par RTL.
La réponse a été donnée par l'équipage de la même voiture, celle qui roulait derrière la moto, à une vitesse inconnue à ce jour : "Oui, le gars, il était sur une cross. Nous, on le suivait à distance et il y a un collègue qui a déboulé à la perpendiculaire sur la voie publique". La retranscription précise alors qu'on entend une autre voix "en bruit de fond" (en fait celle du conducteur de la deuxième voiture, qui a été percutée par la moto-cross) qui corrige : "Non, je n'ai pas déboulé".
L'échange sur les circonstances de la collision en est resté là et est revenue sur l'arrivée attendue des pompiers.
Les termes de la conversation radio et notamment l'expression "a déboulé" pour caractériser le mouvement de la voiture percutée par Sefa viennent s'ajouter aux questions soulevées par la famille du jeune homme sur les circonstances de la collision. Le conseil de la famille, Me Yassine Bouzrou, martèle depuis les faits "qu'il ne peut en aucun cas s'agir d'un accident" et que l'équipage du deuxième véhicule a "volontairement" coupé la route à la moto-cross.
L'avocat n'a pas souhaité s'exprimer sur l'échange radio. Celui des deux policiers placés en garde à vue le 6 septembre, puis libérés sans poursuite à ce stade, Me Laurent-Franck Liénard, balaye par avance, pour sa part, toute interprétation du terme "déboulé". Selon lui, il s'agit "d'une expression prononcée par des gens sous stress, toute polémique sur le mot serait totalement déplacée, pour nous cela ne remet en aucun cas la certitude qu'il s'agit bien d'un accident".
Selon Le Parisien, une vidéo des faits analysée par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police de police" montre que le véhicule arrivait "lentement" à l'intersection tandis que Sefa roulait vite, sans casque, sur la partie piétonne d'une avenue perpendiculaire. Des faits interrogés par l'échange radio révélé ce jour par RTL. Par ailleurs, toujours selon nos informations, aucune expertise des vitesses des différents protagonistes n'a encore été versée au dossier. Devant l'IGPN, le conducteur de la voiture percutée a affirmé qu'il avait le soleil dans les yeux et qu'il n'avait vu qu'au dernier moment Sefa arriver sur la gauche sans pouvoir rien faire. La famille est convaincue de son côté qu'il s'agit d'une tentative d'interception. C'est désormais au juge instruction en charge du dossier d'éclaircir les circonstances du drame.
Sefa, 16 ans, en état de mort cérébral pendant plusieurs après l'accident, a été transféré en Turquie, pays d'origine de ses parents, par avion sanitaire le 10 septembre. Il est finalement décédé le 12 septembre. Sa famille a porté plainte pour "homicide volontaire".